« Destination XV », projet SFL

 

Cette fiche n’est plus d’actualité

Localisation : site de l’ancien siège de la SMABTP Paris XVe

Description :

52-58 rue Violet et 112-122 avenue Emile Zola, existe sur une parcelle de 6 300 m2 un bâtiment R+ 10 conçu au milieu des années 60 par les architectes Henry Pottier et Raymond Lopez ; le projet de la foncière SFL consiste à restructurer très profondément les constructions existantes et à ajouter d’importants bâtiments sur l’avenue Emile Zola (R+8) et la rue Violet (R+2). L’ensemble existant est emblématique de l’architecture et de l’urbanisme des années 60 où la densité (COS de 3,3) et la grande hauteur (R+10) sont contrebalancées par des espaces libres généreux, ouverts sur l’espace public et largement arborés.

Le projet SFL conserve la hauteur des bâtiments existants (qui excède le plafond du PLU actuel) et densifie à l’extrême (COS de 4,1) en prévoyant un bâtiment R+8 à l’alignement de l’avenue Emile Zola construit sur un espace largement planté.

 

Avenue Emile Zola : perspective initiale

 

 

 Avenue Emile Zola : perspective projet SFL

 

Impacts sur la végétation :

Il est majeur, puisqu’une trentaine d’arbres situés sur la parcelle dont certains, cinquantenaires et atteignant 15m de haut, sont abattus dans le cadre du projet. En outre, pour des raisons de sécurité incendie des arbres d’alignement situés sur l’espace public, avenue Emile Zola, seront également abattus. Jusqu’à la loi ALUR de 2014, cet espace planté, connexe à un EVP (Espace vert protégé) était, de fait, protégé par le plafonnement du COS qui interdisait toute constructibilité complémentaire sur la parcelle. La Ville de Paris aurait donc dû revisiter très sérieusement la situation et la protection des espaces libres et tout particulièrement des espaces plantés pour leur garantir, par d’autres moyens que la règle du COS, la protection qu’ils méritent. En l’espèce, la Ville de Paris aurait dû incorporer à l’EVP connexe les espaces plantés de la parcelle SMA BTP ; elle aurait dû le faire de longue date, vu que les espaces verts des différentes parcelles forment une seule et même unité plantée ouverte sur l’avenue Emile Zola ; elle aurait, à fortiori, dû le faire dès l’adoption de la loi ALUR.

Cf. documents annexés.

Impact sur le paysage :

Il est également majeur puisque la respiration offerte à l’avenue Emile Zola par cette fenêtre végétale est anéantie par le bâtiment massif prévu à l’alignement. La Commission du Vieux Paris a noté dans son avis de décembre 2017 :

« La Commission …juge également que la densification importante de la parcelle prévue dans le programme transformerait radicalement la composition générale du site : notamment, la construction d’un bâtiment nouveau et très volumineux dans l’espace libre et partiellement planté donnant sur l’avenue Emile Zola aurait un impact extrêmement négatif non seulement sur cette parcelle mais aussi sur le paysage de l’avenue … ».

La Ville de Paris n’a tenu aucun compte de l’avis de cette Commission – pourtant créée par elle et comprenant des personnalités et experts qualifiés ; à quoi sert-il donc de demander les avis d’une Commission pour ne jamais les suivre ?

 

Impacts architecturaux :

L’ensemble immobilier existant avait sa logique propre emblématique de l’urbanisme « moderne » d’après-guerre : non-alignement sur voie publique, grande hauteur et densité, espaces libres généreux et largement plantés. Le projet vient plaquer une autre logique totalement antinomique dont il résulte, au final, que seuls les aspects négatifs de chaque période sont conservés : densité et grande hauteur + fermeture de la parcelle et destruction de la végétation au sol. Ainsi, l’ensemble immobilier qui résultera du projet ne sera compatible avec aucun des PLU voire POS de ces dernières décennies : trop haut à l’égard du PLU actuel, trop dense au regard des PLU antérieurs !

Il semble totalement aberrant qu’un ensemble immobilier non conforme au PLU bénéficie des mêmes droits à construire qu’un immeuble conforme au PLU : une parcelle comportant un bâtiment existant dépassant le plafond de hauteur devrait avoir des droits réduits à proportion des non-conformités de l’existant.

 

Conclusion :

La Ville de Paris n’a pas pris -ou n’a pas voulu prendre- la mesure des impacts potentiels de la loi ALUR sur l’urbanisme et donc le paysage parisiens. Elle doit impérativement le faire et engager une révision du PLU pour renforcer la protection des espaces libres et de la nature en ville …ou assumer clairement ses choix de densification/construction à tout prix et d’incitation à la migration de la végétation du sol naturel aux toitures-terrasses et façades.