Les deux webinaires des 21 et 29 avril 2021 ont rencontré un succès certain, réunissant une soixantaine de participants et suscitant des échanges nombreux et passionnés.
Des intervenants de grande qualité – élu, écologues, universitaires, représentants des services de la Ville de Paris et, bien sûr, d’associations- se sont succédés, qu’ils soient remerciés.
Impossible de retranscrire ici l’intégralité des interventions que nous avons enregistrées et qui seront mise à disposition et nous avons donc privilégié des voix qui nous sont peut-être moins familières ; que ceux qui ne sont pas cités nous le pardonnent mais l’intégralité des webinaires est consultable en « replay » sur notre chaîne YouTube.
Christophe Najdovski, adjoint à la Maire de Paris, chargé de la végétalisation de l’espace public, des espaces verts, de la biodiversité et de la condition animale
Christophe Najdovski réaffirme la forte volonté de la Ville de Paris de protéger la biodiversité et les habitats naturels. Il cite diverses réalisations en ce sens : ouverture au public de 30 ha d’espaces verts supplémentaires, création d’un label éco-jardin, délivrance de « permis de végétaliser », protection d’espèces animales : hérissons, chauves-souris, moineaux domestiques …
La Ville est néanmoins consciente de la nécessité d’aller plus loin et, notamment, de mieux protéger les Espaces verts privés qui le sont insuffisamment dans l’actuel PLU, de débitumer et végétaliser d’importantes surfaces de voirie, de concevoir les projets urbains et immobiliers à partir des arbres à l’opposé de ce qui a été fait jusqu’à présent.
Concernant les abattages d’arbres qui ont récemment fait l’objet de polémiques assez vives, Christophe Najdovski rappelle que la Ville de Paris entretient 200 000 arbres dont seuls 1,5% font l’objet d’abattages et, ce, après un diagnostic phytosanitaire poussé ; il concède cependant la nécessité de mieux partager les informations à ce sujet avec les riverains et associations.
Luc Abbadie, écologue et professeur des universités
Luc Abbadie rappelle que le concept de biodiversité se décline à trois niveaux :
- Les écosystèmes (habitats) ;
- Les espèces animales et végétales qui dépendent les unes des autres
- La variabilité génétique au sein des espèces, essentielle à l’adaptation au changement ou aux agressions diverses.
Au niveau mondial la dynamique est extrêmement négative et, en France, on observe une diminution de 1% par an des populations animales, les végétaux n’étant pas épargnés par la perte des espèces (prairies, forêts…)
Trois facteurs principaux concourent à cette dégradation de la biodiversité :
- L’urbanisation qui conduit à un contrôle humain croissant sur la nature ;
- L’exploitation des espaces, notamment, l’agriculture, conduisant à la fragmentation et la pollution ;
- Le changement climatique rapide …auquel les espèces, malgré une certaine mobilité, ne peuvent s’adapter.
En ville, localement, la végétalisation des murs (si elle est bien maîtrisée dans la durée) peut offrir des habitats intéressants et la végétalisation des toitures participer à la climatisation par absorption et évaporation de l’eau de pluie.
Anne du Plessis, agence d’écologie urbaine de la Ville de Paris
Anne du Plessis présente l’Atlas de la nature à Paris 2020 dont l’esprit est celui d’un document grand public, accessible à tous, destiné à donner envie de découvrir la nature et non celui d’un inventaire exhaustif de la faune, la flore et la fonge parisiennes. Ainsi, 100 espèces parmi les plus courantes sont décrites dans l’atlas au regard des 2 800 espèces qui ont pu être observées à Paris. L’atlas décrit 10 balades naturalistes parisiennes.
Lien vers le document numérique téléchargeable :
Georges Feterman, président de l’association A.R.B.R.E.S.
Georges Feterman insiste sur la nécessité de préserver « l’âge des arbres » ainsi que des milieux sauvages et spontanés de prairie et d’herbes folles pour offrir habitats et sources d’alimentation variés pour la faune …mais il admet que les parisien.ne.s ne sont pas toujours spontanément ouverts à cela tant l’idée d’une nature domestiquée est présente chez nous.
Nicolas Cornet, écologue à l’Institut Paris Région
Nicolas CORNET explique que de grandes caractéristiques de la nature (eau, sols, nuit-obscurité) se trouvent extrêmement modifiées voire dégradées en ville.
Il insiste sur le rôle essentiel de l’arbre comme support de biodiversité, acteur de l’atténuation et de l’adaptation climatique, source de bien-être …mais la forêt, qui progresse en France, ne va pas bien (18% seulement des grandes forêts sont en bon état écologique).
En ville, les arbres souffrent de sols médiocres, compactés, imperméabilisés, encombrés et pollués ; ils souffrent également de la pollution, du manque d’eau et sont victimes d’agressions diverses.
Pourtant, la simple multiplication des arbres (« forêts urbaines ») n’est pas la solution et on doit surtout rechercher la maximisation de la photosynthèse.
« Le vivant peut nous apporter du confort à condition que nous apportions du confort au vivant »
Philippe Jacob, responsable de la Division de la biodiversité à la Ville de Paris
Philippe JACOB présente le plan biodiversité 2018-2024 de la Ville de Paris qui comporte 30 actions, a été voté à l’unanimité au Conseil de Paris et s’inscrit dans une démarche de plus de dix ans.
La notion de « biodiversité » est complexe et généralement mal comprise.
S’agissant du futur PLU « bioclimatique », l’agence d’écologie urbaine participe aux travaux de révision aux côtés des services d’urbanisme.
Lien vers le plan biodiversité de la Ville de Paris : https://www.paris.fr/pages/un-nouveau-plan-biodiversite-pour-paris-5594
Philippe Clergeau, professeur d’écologie au Muséum national d’histoire naturelle
Philippe Clergeau rappelle que la biodiversité n’est pas seulement la richesse des espèces, mais aussi les relations entre elles dans le cadre d’un système au fonctionnement global.
Végétalisation, nature et biodiversité sont des notions différentes ; le public mais aussi les élus ont bien du mal à appréhender cela.
Il distingue deux échelles spatiales :
- Celle, locale, de la parcelle ou du bâtiment, lieu de pas mal d’innovations et de collaborations architectes / écologues ;
- Celle, plus globale, des continuités et corridors écologiques, un simple alignement d’arbres n’étant pas un corridor.
« Verdir » la ville constitue un premier pas, mais les « pots à arbres » sont sans aucun intérêt.
Le non-bâti doit être aussi important que le bâti.
Gérard Grass, Francesca Dandolo
Pierre Salmeron, Environnement 92
Bernard Landau, FNE Paris
Bernard Landau évoque la révision générale du PLU au regard des impératifs de protection de la biodiversité et d’atténuation/ adaptation face au réchauffement climatique.
Une vraie rupture avec l’urbanisme néolibéral actuel est nécessaire ; quelques pistes :
Végétaliser résolument l’espace public, sanctuariser les espaces plantés de pleine terre, réserver 30% d’espaces verts dans les grandes opérations urbaines, réinventer la cité jardin, mettre fin à la sur-densification.
Seule une très forte mobilisation des acteurs urbains et des associations poussera la municipalité à avancer résolument en ce sens.
Ppt présentation (trop lourd pour être intégré ici)
Associations :
Et pour aller plus loin, quelques lectures :
- L’atlas de la nature à Paris de 2006
- L’atlas de l’anthropocène
- Pour les jeunes et moins jeunes, le grand livre de la biodiversité de Luc Abbadie et Gérard Lacroix
- Urbanisme et biodiversité, ouvrage collectif sous la direction de Philippe Clergeau