Tout n’est certes pas à jeter dans la politique urbaine de la Ville de Paris, toutefois les dérives sont suffisamment graves et nombreuses pour que plus de 20 associations s’expriment fortement et dénoncent ce Paris dont elles ne veulent pas.
Paris, une des capitales les plus denses d’Europe et la moins bien pourvue en espaces verts poursuit une politique de densification à outrance et détruit nombre d’espaces verts.
Les Parisiennes et les Parisiens ont de plus en plus le sentiment que l’urbanisme ne se fait pas pour eux mais contre eux, d’autant que les associations sont considérées comme des empêcheuses de construire entre soi et non comme des parties prenantes responsables, capables d’apporter un autre regard ainsi qu’une contribution positive et indispensable aux opérations immobilière
Carte du Monopoly Urbain
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Nos critiques portent à la fois sur :
- La façon dont la Ville de Paris conduit ses projets urbains et immobiliers ;
- Les projets immobiliers eux-mêmes que le grand laxisme du règlement d’urbanisme de Paris rend malheureusement trop souvent possible.
Dans les Zones d’aménagement concerté (ZAC), la Ville recherche une densification maximale et réduit les espaces verts de pleine terre à la portion congrue, alors que la grande ampleur des emprises concernées permettrait de réaliser des espaces verts publics compensant l’érosion des espaces libres privés que favorise l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU).
La pratique, par la Ville de Paris, des Appels à projets urbains innovants (APUI) – les consultations Réinventer- est devenue une manière de déléguer voire d’abandonner à des acteurs privés (parmi lesquels un petit nombre de banques, promoteurs et investisseurs privés se partagent la commande publique) l’aménagement de morceaux de ville entiers (Masséna -Bruneseau, Bercy-Charenton). Ce laisser-faire est également à l’œuvre dans le quartier Montparnasse, zone hyperdense au bord de la thrombose urbaine, par manque de volonté et absence de mise en place d’outils efficaces de planification urbaine et de maîtrise foncière ; la soi-disant « forêt urbaine » ne cachera pas la surdensification de ce quartier ni l’absence de schéma de déplacement efficace et coordonné entre acteurs publics.
D’autres grands projets comme l’aménagement de la gare du Nord, de l’ile de La Cité ou ce qui sera réalisé dans le cadre des Jeux Olympiques suscitent les plus grandes réserves de notre part.
Le PLU voit ses plafonds de hauteur réglementaires monter toujours plus haut (180 m aujourd’hui) malgré la réticence aux tours maintes fois exprimée par les Parisiennes et les Parisiens. L’abandon du Coefficient d’occupation des sols (COS) et de son plafonnement ouvre le champ à la densification de Paris.
Dans ce contexte, les espaces verts privés (dont les 600 ha représentent plus que la superficie de la totalité des parcs et jardins publics hors bois de Boulogne et Vincennes) sont les grandes victimes de cette course non assumée à la densité. Insidieusement mais sûrement, comme dans l’ilot Navarre, ces espaces sont grignotés par les opérations immobilières. En 2018, c’est plus d’un hectare d’espace de pleine terre qui a ainsi disparu. Les Espaces verts protégés (EVP) par le PLU représentent moins de 5% de la surfaces des îlots bâtis et d’indéfendables règles d’équivalence entre surfaces de pleine terre et de dalles végétalisées conduisent à remplacer les unes par les autres (dans le PLU parisien : 1m2 de surface de pleine terre = 2m2 de jardinière placée sur un toit et comportant une couche de terre de 10 cm d’épaisseur). Le projet « Mille arbres » illustre jusqu’à l’absurde cette propension à bâtir sur le plein sol et à cantonner les arbres aux toits parisiens.
Trop souvent, les opérateurs publics : RATP rue Belliard, SNCF à la gare du Nord, AP-HP dans l’île de la Cité et Ville de Paris à l’Ecole supérieure de physique-chimie industrielle (ESPCI) ou à l’école Erlanger ne sont pas beaucoup plus vertueux que les promoteurs privés et pratiquent également la « valorisation foncière » à un degré élevé.
La carte “Halte au Monopoly urbain” et la vingtaine de fiches auxquelles elle renvoie illustrent ces pratiques que nous dénonçons. Il n’y a, bien entendu, aucune prétention d’exhaustivité et bien d’autres cas auraient pu être -et seront peut-être ultérieurement – mis en avant.
Nous avons souhaité mentionner quelques opérations situées en proche banlieue pour bien montrer que nous sommes conscients que les problèmes – et les solutions- ne s’arrêtent évidemment pas aux limites de Paris.
Yves JOUANIQUE 01/02/20
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DOSSIER réalisé par l’équipe de FNE Paris
Christine NEDELEC, Muriel MARTIN-DUPRAY, Yves JOUANIQUE, Catherine MARIE, Olivier ANSART, Marie Christine CHEVALIER, Bernard LANDAU
et les associations concernées par les sites,
avec le concours de Arlette ALEWITAN, Pierre Alexis HULIN, Gilles LIEVIN, Marc VIGREUX, Emmanuel LEGUY, Guy BURGEL