14/11/2019
FICHE DE SITE
NOUVEL R
LOCALISATION : Quartier Masséna-Bruneseau, dans la ZAC Paris Rive Gauche, XIIIè arrondissement
PROGRAMME : 95 000 m2 de bureaux, logements, commerces en 9 bâtiments
OPERATEURS :
- Aménageur : SEMAPA
- Promoteurs : AG Real Estate, les Nouveaux Constructeurs, Icade et Nexity, avec Frey pour les commerces.
Description :
En 2017, dans le cadre d’un Appel à Projets Urbains Innovants (APUI) un petit morceau de ville formé de trois grands ilots, de l’espace public les desservant et de près 100 000m2 de constructions (aucun équipement public, une grande majorité de bâtiments totalement privés) fait l’objet d’une consultation d’investisseurs-promoteurs-architectes. Le cahier des charges urbain très ouvert sur le plan des formes et du programme ne donne que des ordres de grandeur des affectations attendues : 25 000m2 minimum en logements ; 25 000m2 maximum en bureaux ; 50 000m2 ouverts (logements, équipements, commerces…). Aux investisseurs de décider des programmes !
« Nouvel R », le projet retenu est porté par AG Real Estate, et quatre grands opérateurs, les Nouveaux Constructeurs, Icade et Nexity ainsi que Frey pour les commerces. Le pool d’architectes concepteurs – Hardel-Le Bihan, Youssef Tohmé, Adjaye Associates, Buzzo Spinelli_IDA articule sa proposition autour de l’Allée “Paris-Ivry”. Le projet propose de construire 95 000 m² répartis dans 6( ?) bâtiments dont 3 Immeubles de Grande Hauteur (bureaux, logements en accession, logements étudiants, logements sociaux, , commerces et activités), les bâtiments affichent une ambition de dé-carbonation très élevée : E3C2 (BET Elioth), et une couverture à 65% de ses besoins énergétiques par des énergies renouvelables.
A ce stade, le programme n’est pas précisé dans les documents accessibles au public ; seuls les chiffres de 25.000 m² de bureaux, 50.000m² de logements et 20.000 m² de commerces ont été avancés et quelques images produites.
Le plan d’urbanisme du secteur, et, en grisé le périmètre du projet Nouvel R
Le projet, vu depuis la rive droite de la Seine
Impacts sur la végétation :
Seul un square d’une dimension très modeste (un peu plus de 1000m2), une crèche et une école dont la cour suspendue s’ouvre sur la rue au niveau R+1. Qu’en sera-t-il de l’éclairement de ces équipements ?
Impact sur le paysage :
Le dessin de l’allée d’Ivry, un des rares éléments précisé dans le cahier des charge remis aux équipes consultées n’est pas respecté. Dans le projet la linéarité s’est perdue, l’allée est délimitée par une enveloppe bâtie chahutée, sa forme devient incertaine, elle est le vide restant après implantation des immeubles
Le long du quai d’Ivry et au droit de la Seine le dimensionnement de l’espace public est sans rapport avec la hauteur des bâtiments : un immeuble de 100m de hauteur construit le long du quai d’Ivry confisquera les vues sur la Seine, et privera de soleil le quai et la berge une grande partie de la journée. Tout aussi grave, l’implantation des immeubles affiche une totale indifférence à la géographie du lieu.
Outre la question de la hauteur des bâtiments situés à proximité immédiate du fleuve se pose la question du rapport du nouveau quartier avec la Seine. A ce jour la berge est occupée par des implantations industrielles, (dépôt point P, centrale à béton), le trottoir nord du quai d’Ivry accueille quant à lui une station-service. L’accès au fleuve est empêché et la continuité du trottoir situé au plus près du fleuve est interrompue. Il serait intéressant de savoir comment ce traitement particulièrement ingrat et peu urbain est appelé à évoluer. Or, le projet muet sur le traitement de la berge.
Impacts sur la qualité de vie :
Les habitants des futurs immeubles seront exposés à la pollution et au bruit, un risque réel d’effet venturi existe dans les espaces publics au pied des tours, les questions environnementales posées par la proximité du Bd Périphérique ne sont jamais abordées alors qu’elles restent extrêmement présentes dans les autres projets en bordure de cette infrastructure.
Le futur quartier est aujourd’hui très mal desservi par les transports collectifs et la prolongation de la ligne 10 du métro reste très hypothétique et ne figure pas dans les priorités d’Ile de France Mobilités.
L’argument mis en avant par la Ville et les porteurs du projet d’une évolution du périphérique en boulevard urbain est aujourd’hui fort irréaliste et « commercial » à court et même moyen terme.
Conclusion :
Très grande hauteur, densité, absence de pensée urbaine et démission de la puissance publique sont ici systématisées au sens propre du terme, c’est-à-dire érigées en système ce que sont les APUI à la mode parisienne.
Association: ADA 13, FNE Paris, Réinventer la Seine