La Municipalité proclame une très grande ambition pour Paris qu’elle veut inclusif, résilient, vertueux …et pour son futur PLU qu’elle affirme « bioclimatique ».
Si des avancées très appréciables sur la protection de la nature ou le rééquilibrage de la construction de bureaux, par exemple, sont avérées et si le PLU projeté est bien meilleur que l’actuel, au regard même de l’exigence forte exprimée par la Ville, nous devons dire que « le compte n’y est pas ».
Nous déplorons, en premier lieu, la multitude des exceptions aux prescriptions de base. Dans ce PLU l’exception ne confirme pas la règle, l’exception devient la règle.
Le Code de l’urbanisme permet, malheureusement, de déroger aux gabarits et hauteurs du PLU mais une possibilité n’est pas une obligation et l’instruction des permis de construire doit être plus restrictive.
Nous regrettons également que la protection des espaces verts soit très affaiblie par le « mitage » autorisé.
On voit ainsi des espaces verts privés ou publics inconstructibles dans lesquels on peut quand même construire au détriment de la flore et la faune :
Espaces libres dans les parcelles où locaux vélos, locaux poubelles …peuvent être édifiés même dans les constructions neuves où ils sont aisément intégrables ;
Parcs et jardins où toutes sortes de constructions sont possibles dès lors qu’elles sont « compatibles avec la vocation de l’espace », vocation extrêmement large ;
Bois de Boulogne et de Vincennes, d’ores et déjà grevés de près de 800 bâtiments occupant une emprise de plus de 30 hectares, qui comprennent des secteurs constructibles (répondant au nom barbare de STECAL)
La confiance dans ce PLU est aussi remise en cause lorsqu’on voit les chiffres à géométrie variable annoncés pour les espaces verts. En 2021, la Ville indiquait que les parcs et jardins publics, y compris les bois, représentaient 11 m2 par habitant ; en 2023, ce n’était plus que 8,6 m2 et la municipalité annonce un objectif de 10 m2, ce qui supposerait selon elle la création de 300 ha de jardins publics ; or seuls 42 ha nouveaux sont clairement identifiés dans le projet de PLU.
Créer 300 ha est tout simplement irréaliste et personne ne peut y croire sérieusement.
Il est à craindre que ces 300 ha reposent essentiellement sur des jeux d’écritures ou des affirmations peu crédibles : transfert des cimetières dans la catégorie « parcs et jardins », prise en compte de très nombreux jardins privés dont ceux des congrégations religieuses, etc.
Il est regrettable que les réels efforts de végétalisation des espaces publics de la Ville de Paris soient ainsi décrédibilisés par une communication hasardeuse.
Nous contestons également des règles autorisant des opérations immobilières encore beaucoup trop denses. Chacun peut constater des vis-à-vis insupportables dans des opérations immobilières récentes, l’alignement en hauteur sur des immeubles qui rompent le paysage de certaines rues.
Le projet de PLU a, certes, limité les emprises constructives mais reste trop permissif, en particulier dans le secteur dit des bâtiments et ensembles modernes ; les abords du boulevard périphérique restent constructibles malgré le constat fait par la municipalité que les nuisances sonores et la pollution sont très élevées jusqu’à 500 m du boulevard périphérique, 50 km/h ou non.
Ce secteur est très largement un lieu où les populations sont les plus défavorisées. Pourquoi vouloir les exposer encore plus en densifiant ce secteur ?
Enfin, nous estimons que ce PLU est beaucoup trop parisien. Nombre d’enjeux sont métropolitains voire franciliens : le logement, les mobilités, les continuités écologiques, etc. Certes le PLU est, juridiquement parisien, mais des coopérations métropolitaines sont possibles, nécessaires et même indispensables, ce qui n’est que trop rarement le cas.
L’exemple récent de la réduction de la vitesse maximale sur le boulevard périphérique témoigne des réticences à débattre avec les collectivités voisines, la Métropole et la Région.
Nombre de tous ces points figurent expressément dans les recommandations de la Commission d’enquête publique ou dans le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) métropolitain.
La non-conformité du PLU avec le SCOT est incompréhensible ; le PLU devra obligatoirement être mis en conformité avec le SCOT. Pourquoi attendre ? Ainsi la disposition prévoyant le maintien de la pleine terre à l’échelle de Paris devrait être intégrée dès maintenant dans ce PLU.
Les vingt recommandations formulées par la commission d’enquête ne sont que très peu suivies par le projet de PLU. A quoi bon une vaste enquête publique, ses 14 000 contributions et un rapport de 1 000 pages si tout cela ne fait quasiment pas évoluer le PLU projeté ?
Malgré des avancées réelles ce PLU manque d’ambition résolument écologique et pêche par ses réticences à écouter les Parisiennes, les Parisiens et les associations.
Peut mieux faire, aurait dû mieux faire !
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