Dimanche 2 avril, la ville de Paris organise une votation citoyenne sur la question suivante : « Pour ou contre les trottinettes en libre-service à Paris ? ». Le vote se déroulera de 9h à 19h dans chaque arrondissement.
Bien que nous regrettons que la consultation ne porte pas sur des enjeux plus larges tels que le Plan Local d’Urbanisme Bioclimatique ou le Plan Climat, FNE PARIS appelle les Parisiens et Parisiennes à se saisir de l’opportunité et voter CONTRE le maintien des trottinettes électriques en libre-service à Paris !
Pourquoi vouloir arrêter ?
Les trottinettes en libre-service ou « freefloating » ont été déployées à Paris en 2018 et font depuis l’objet de nombreux débats : accidents à répétition, manque de civisme des usagers, bilan environnemental désastreux…Malgré les tentatives de régulation comme la limitation du nombre d’opérateurs, la mise en place de zones de stationnement ou l’abaissement de la vitesse maximale à 20km/h, les trottinettes en freefloating demeurent un problème et une source de tensions.
En tant qu’association de protection de l’environnement et défenseur d’un apaisement de la voie publique, nous pensons qu’il est temps de stopper l’expérience pour les raisons suivantes :
1 – Enjeu environnemental et climatique
Si la promesse des opérateurs de trottinettes en libre-service était au départ de donner l’accès à une mobilité douce et écologique, le bilan carbone des trottinettes en freefloating indique au contraire un impact environnemental néfaste.
D’une part, ces trottinettes étaient censées favoriser un report modal de la voiture vers des mobilités douces. Or, les statistiques montrent que 42 % des usagers utilisaient auparavant la marche ou le vélo à la place des trottinettes. 34 % d’entre eux prenaient les transports en communs et seulement 7% des utilisateurs ont remplacé la voiture par la trottinette en freefloating. Le constat est donc sans appel : les trottinettes en libre-service ont majoritairement remplacé des trajets qui auraient été fait à pied, à vélo ou en transports en communs, qui ont une empreinte carbone bien moins élevée.
En effet, ces trottinettes proviennent pour la plupart de Chine et leur fabrication, leur transport et la gestion de la flotte sont responsables d’émissions de GES bien supérieures à celles du vélo et des transports en communs. Une trottinette électrique en freefloating émet ainsi plus de 100g de CO2eq/passager/kilomètre contre 12g CO2eq pour le vélo personnel, 33g pour le velib et moins de 10g pour le métro. La moitié des émissions des trottinettes en-libre-service est due à la fabrication et leur faible durée de vie (en moyenne 3750km contre 15 000 pour une trottinette personnelle) ne permet pas de rentabiliser leur coût carbone. L’autre moitié des émissions vient de la gestion de la flotte : le changement des batteries et le repositionnement des trottinettes se fait encore souvent avec des véhicules thermiques émetteurs de CO2. Au niveau climatique, la trottinette en libre-service produit indéniablement plus d’émissions de CO2 qu’elle n’en évite.
Concernant l’impact sur l’environnement , il faut également rappeler que les trottinettes en freefloating se retrouvent par centaines dans les cours d’eau comme la Seine ou les canaux de Paris, provoquant ainsi des pollutions en raison de leurs batteries au lithium, ce qui affecte la biodiversité et dégrade la qualité des eaux.
2 – Enjeu de sécurité et de santé publique
Aujourd’hui, le principal inconvénient des trottinettes électriques en libre-service est qu’elles sont vectrices de nombreux accidents, à la fois pour les usagers eux-mêmes et les piétons victimes de collisions. Moyen de transport paraissant de prime abord ludique et simple d’utilisation, les utilisateurs ne perçoivent souvent pas les dangers induits par les trottinettes électriques et ne sont que très rarement équipés de protection adaptées, notamment un casque.
De par la petite taille des roues et le faible écart entre celles-ci, il est en effet beaucoup plus facile de chuter qu’à vélo, et les chocs sont souvent plus violents en raison de l’inertie de l’engin. Leur faible réactivité et leur imprévisibilité renforce le risque de collision avec les autres usagers de la voirie. D’après Stein Van Oosteren, spécialiste des mobilités douces et porte-parole du Collectif vélo Île-de-France, les trottinettes seraient 4 à 5 fois plus dangereuses que le vélo. Bien que les utilisateurs de vélo aient numériquement plus d’accidents que ceux des trottinettes, les blessures sont en revanche plus graves pour ces dernières puisque 1/3 des accidents en trottinettes conduisent à des hospitalisations.
Autre enjeu de santé, les trottinettes en freefloating favorisent la sédentarité car les utilisateurs n’ont pas besoin de faire un effort physique pour se déplacer. Ce mode de transport passif dévalorise la marche et ne permet pas de lutter contre l’obésité et d’encourager la pratique d’une activité physique.
3 – Enjeu civique et économique
FNE Paris promeut les mobilités douces mais surtout l’apaisement de l’espace public. Bien que les trottinettes électriques en libre-service puissent être considérées comme des mobilités douces, elle sont aujourd’hui davantage vectrices de tensions que d’apaisement dans nos rues. Cela est pour grande part du aux comportements irresponsables et irrespectueux d’un grand nombre d’utilisateurs. On ne compte plus les trottinettes posées en travers de la chaussée, roulant sur les trottoirs et les usagers ne respectant pas le code de la route. De par leur facilité d’utilisation, les usagers de trottinettes en freefloating sont plus enclins à adopter des comportements qu’ils n’auraient certainement pas s’ils s’agissait de leur propre véhicule. La conduite sur les trottoirs ou le dépôt de l’engin à des endroits incommodants pour les piétons en est en un exemple. De même, il est courant de voir plusieurs personnes sur la même trottinette, en dépit des dangers que cela représente.
Dans une perspective d’apaisement de l’espace public, voir des trottinettes entassées sur la chaussée ou être régulièrement surpris par leur arrivée brutale sur les trottoirs ne les rend pas compatible avec un partage apaisé de la rue entre les modes de transport.
Enfin, il est important de rappeler que d’un point de vue économique, la trottinette en libre-service est un transport relativement cher et réservé à des classes plutôt aisées puisque 2/3 des utilisateurs sont des cadres ou chefs d’entreprise. Pour un même trajet, le faire en trottinette en freefloating peut être jusqu’à 8 fois plus cher qu’en velib. Il n’y a donc pas photo sur l’inégalité économique que représente ce moyen de transport, qui favorise par ailleurs l’uberisation de la société.
Pour toutes ces raisons, nous pensons à FNE PARIS que les trottinettes électriques en freefloating apportent plus de problèmes que de solutions, et demeurent néfastes pour l’environnement et les Parisiens.
C’est pourquoi nous vous appelons à votre CONTRE le maintien des trottinettes électriques en libre-service le 2 avril prochain !
Toutes les modalités du vote sont expliquées ici : https://www.paris.fr/pages/pour-ou-contre-les-trottinettes-en-libre-service-23231
Sources :
Agence de la mobilité de la ville de Paris
« Usages et usagers des trottinettes électriques en free-floating en France », 6t-bureau de recherche, 2019
https://www.ville-rail-transports.com/wp-content/uploads/2019/06/6t-trottinettes-synthese-vf.pdf
« Micromobilité et environnement : to share or not to share ? », Anne de Bortoli, 2021
Le Monde, Faut-il supprimer les trottinettes ?, mars 2023
https://www.youtube.com/watch?v=BGXSx6PNI3s
« Bilan 2022 de la sécurité routière », Observatoire national interministériel de la sécurité routière, 2023
CP du 16/03/2023 – Votation Citoyenne Trottinettes – David Belliard
