Le projet OnE a été adopté ce mardi 8 février 2022 en Conseil de Paris grâce aux votes EELV à 93 voix contre 66, un projet imposé au prétexte des JO.
La ville engage la restauration de grands sites parisiens trop longtemps laissés à l’abandon et surinvestis par l’événementiel comme le Champ de Mars (ou bientôt les Champs Elysées), c’est une bonne nouvelle.
Mais le projet OnE voté en urgence ne reprend pas les préconisations des experts, malgré les critiques de l’Autorité Environnementale, du volet patrimonial, malgré le rejet massif des citoyens (90%) lors de la consultation publique PPVE, le rejet de l’ensemble des associations locales et environnementales et celui des maires d’arrondissements.
A quoi servent les enquêtes publiques, même sous la forme dégradée des Participation du Public par Voie Electronique, si malgré la dépense d’intelligence, d’énergie et d’argent, aucun enseignement n’en est tiré ? A quoi servent les maires d’arrondissements, les Conseils de quartiers ?
Des restaurations harmonieuses et respectueuses des sites sont nécessaires, elles sont réclamées par les habitants et associations depuis longtemps mais la prise en otage de ces sites par les JO n’est pas acceptable quand l’hypertourisme et la marchandisation effacent les caractères historiques, paysagers et environnementaux.
Au regard des urgences parisiennes, un peu d’aménagement temporaire et tactique, initialement prévus au Trocadéro et à la Tour Eiffel doivent suffir pour des JO dits environnementaux; tout le contraire du projet OnE qui prévoit de grands travaux de voirie au Trocadéro.
Le prétexte du vélo a bon dos.
Tout le monde s’accorde sur la nécessité de prendre soin du Champ-de-Mars, restauration de sa biodiversité et de son patrimoine, entretien et limitation de l’événementiel sur ses jardins à commencer par celui généré par le Grand Palais Ephémère qui n’aurait jamais dû y être construit.
FNE Paris souhaite rappeler que l’heure n’est pas aux projets inutiles, la question de l’opportunité des projets et de leur coût doit être hautement débattue.
L’état Français est condamné pour inaction climatique tandis que ses émissions de Gaz à Effet de Serre ne cessent d’augmenter. La ville de Paris qui prône un PLU bioclimatique, continue aujourd’hui à multiplier les projets de construction (Gare d’Austerlitz, Tour Triangle), délétères pour le climat et responsables de 40% des émissions GES, alors qu’elle promettait de faire avec l’existant.
Les citoyens demandent aux élus le courage de ce virage.
Pour prendre soin de la nature à Paris, l’urgence est de conserver les jardins et friches existantes et de développer les corridors écologiques, en particulier dans les secteurs carencés.
Le gain pour le site Tour Eiffel d’un 1,7 hectare d’espace vert sur un site qui en fait 50 n’est pas à la hauteur des 110 Millions ni du Central Park parisien qu’on nous vend. Les arbres replantés ne remplacent pas les arbres abattus, sutout au Champ-de-Mars où sont abattus des arbres plus âgés que la tour Eiffel elle-même !
Rappelons que la surface d’espaces verts par habitants a diminué de 5,6 à 3 m2 depuis 2006.
Si la Ville veut protéger la nature et la développer à Paris, elle peut et doit commencer par les nombreux jardins qui sont en péril,menacés par des projets immobiliers : entre autres, la Visitation 6e, le Couvent Reille et La Rochefoucauld 14e, la Porte de Montreuil avec un projet qui porte atteinte aux arbres, squares, talus etc. Elle doit prendre soin des sols vivants et veiller aux continuités des corridors écologiques avec délicatesse.
Elle doit prendre le temps d’élaborer un projet utile et qui fasse consensus.
A Paris, l’écologie ne se fait pas à coup de bélier, d’images photoshopées, de jeux survendus, tout comme la démocratie ne se fait pas sans les citoyens!