Dans le cadre de la révision du Plan local d’Urbanisme de Paris (PLU) engagée en 2020, la Ville de Paris a proposé des orientations pour le Projet d’aménagement et de développement durable (PADD), « socle politique » du futur PLU :

Paris inclusif et productif (logement pour tous, ville-monde et pôle économique, ville du ¼ d’heure) ;

Paris résilient (adaptation climatique, place de la nature) ;

Paris décarboné (atténuation climatique, « intensité » de la Ville) ;

Paris vertueux (sobriété en énergie et ressources) ;

Paris préservé (patrimoine environnemental, historique et esthétique, transition écologique).

Le calendrier de la Ville de Paris est le suivant :

-Les réunions publiques dans les arrondissements sur le PADD se déroulent entre le 21 janvier et le 18 février (voir rappel en PJ des dates des réunions d’arrondissement en visio (voir document PP déjà transmis) ; lien pour y participer = https://www.paris.fr/pages/la-revision-du-plan-local-d-urbanisme-plu-17018#arrondissement-centre-mvzb9

-des réunions sont aussi prévues de février à avril sur les grandes thématiques citées plus haut

– contributions écrites sur idée.paris et les registres en mairie du 21 janvier au 1er avril

Cette phase prépare également l’élaboration définitive du PADD, des OAP (orientation d’aménagement et de programmation) et du projet de règlement du PLU.

La concertation sur le projet de PLU se déroulera sur le 3ème trimestre, pour une consultation et enquête publique en 2023 et un vote sur le PLU avant fin 2023.

Voici quelques éléments que FNE Paris propose pour aider les associations parisiennes dans le débat, elles résument les axes développés dans les cahiers d’acteurs que FNE Paris a déjà transmis à la ville pour contribuer aux réflexions.

(Voir aussi nos cahiers d’acteurs sur site fne-paris.fr)

Quel projet de PADD ?

  • La Ville a présenté un premier texte au Conseil de Paris de novembre 2021 ;

  • Elle en propose aujourd’hui un deuxième intitulé « Avant-projet du PADD » pour la concertation.

Ces documents sont assez différents, avec une régression sensible des ambitions pour la deuxième mouture … mais le PADD est toujours en train de se faire.

C’est le moment pour tous d’y contribuer afin de le rendre réellement « bioclimatique ».

1.Pour FNE Paris, il faut arrêter de densifier Paris

  1. La densification est escamotée dans les orientations du PADD

Le PADD de 2006 prônait une « densification mesurée », volonté qui s’est émoussée au fil du temps.

L’actuel projet de PADD, tout en évitant le terme, prévoit de densifier encore Paris, capitale la plus dense d’Europe au nom de la création de logements sociaux, de possibilités de « valoriser » le patrimoine bâti, de l’attractivité économique ou touristique…et, de façon nettement moins avouable, pour des raisons financières (limmobilier représente une source majeure de revenus pour la Ville de Paris dont 1,6 Mdpour les seuls droits de mutation *).

Une poursuite de la densification ne peut se faire qu’au détriment des espaces libres et espaces verts et/ou à celui du paysage urbain (augmentation des hauteurs ; maintien des règles autorisant les cours anglaises qui permettent d’avoir plus d’étages dont des RDC semi-enterrés) …que la Ville prétend vouloir préserver voire améliorer.

La densification ne peut pas non plus être le prétexte à une augmentation des règles de hauteur qu’il faudra maîtriser afin de préserver le caractère des lieux et de sauvegarder le volume d’air et de soleil, richesse de l’urbanisme parisien.

*Rapport d’orientation budgétaire 2022

  1. La nécessité d’un “parler vrai” se traduisant par des objectifs clairs et chiffrés *

Entre 2006 et 2017, selon le Diagnostic du PLU fait par la Ville, malgré la construction de 48 000 logements nouveaux, le nombre de résidences principales a baissé du fait de l’accroissement du nombre de résidences secondaires, des locations touristiques et des logements vacants qui représentent ensemble aujourd’hui 240 000 logements; la maîtrise des changements de destination et de l’occupation est dans les faits tout aussi importante que la construction de nouveaux logements.

Paris compte 1,5 emploi par actif résident à Paris, la moitié des emplois parisiens étant occupés par des actifs qui n’habitent pas Paris et 1 million de personnes doivent se rendre à Paris chaque jour pour travailler.

Continuer à construire des bureaux à Paris ne sert donc qu’à accentuer les déplacements domicile-travail à l’échelle de l’Ile de France, en contradiction complète avec le concept de “ville du ¼ d’heure”, concept flou qui n’a pas de sens au regard de la réalité des mobilités qui se font en fait à l’échelle métropolitaine.

La création de logements sociaux et une meilleure rotation du parc social doivent être utilisés comme levier pour optimiser les temps de déplacements domicile–travail et l’ impact carbone qui en résulte. L’accès au logement social pour les acteurs des métiers essentiels à la vie de la cité (soin et santé, éducation, propreté, sécurité…).

Les enjeux contradictoires qui existent inévitablement dans une ville comme Paris gagneraient à être beaucoup plus clairement exposés, débattus et arbitrés en toute transparence.

Le PADD doit dire explicitement, de façon chiffrée et réaliste ce que sont les objectifs de la Ville en matière de population et d’emplois, de logements, d’espaces verts, de bureaux et de commerce : croissance, stabilité ou décroissance. A cet égard, c’est un leurre que d’annoncer un logement accessible pour tous alors que, par exemple :

  • Il y a 250 000 demandeurs d’un logement social pour 10 000 attributions chaque année; A cette échelle les solutions sont métropolitaines

  • Les prix des appartements ont augmenté de 90% en 15 ans, deux fois plus vite que les revenus.

  • Il faut également favoriser le maintien des classes moyennes qui représentent la moitié des ménages parisiens en développant le logement intermédiaire.

*Tous les chiffres cités ici sont issus du Diagnostic général préliminaire, APUR octobre 2021

  1. Mettre un terme aux incitations à la densification

Le patrimoine environnemental, la nature ont une valeur, il faut accepter d’y consacrer les moyens nécessaires, notamment réglementaires et budgétaires. Il faut aussi mettre fin aux systèmes de dérogations et de compensations se traduisant inéluctablement par une surdensité : les incitations à transformer des bâtiments obsolètes, à implanter des capteurs solaires ou des serres…ne peuvent prendre la forme de droits à construire majorés par apport a la règle commune.

Les contructions plus vertueuses en matière de performances énergétiques ou d’utilisation de matériaux biosourcés ou recyclés ne doivent pas servir d’alibi à la densification.

L’opportunité des projets de constructions neuves dans les quartiers “constitués” de la ville , du fait de leur impact environnemental majeur, doit être questionnée. Avant de penser à construire, il faut avant tout réhabiliter et utiliser les constructions existantes.

Dès lors que les règles du futur PLU sont bien adaptées:

  • les projets urbains et Zones d’aménagement concertées (ZAC) n’ont pas de raison d’y déroger alors même qu’ils devraient être des territoires exemplaires, voire les lieux d’innovation de la ville bioclimatique du 21 ème siècle où la nature devrait avoir plus de place, l’urbanisme et l’architecture y être plus humains;

  • Les marchandages des droits de construire et des règles d’urbanisme et de démocratie au travers des projets “Réinventer Paris” ne devraient plus être de mise.

  • De même, les projets d’initiative municipale se devraient d’être exemplaires et non pas des opérations de “valorisation foncière des actifs” comme les autres; la ville doit montrer l’exemple !

 

2. Sauvegarder les espaces de nature, renforcer leur protection et la place de la pleine terre, patrimoine à protéger

a) Un PADD initial, soumis au débat du Conseil de Paris du 16 novembre 2021, qui paraît empli de bonnes intentions

Le PADD initial prévoit une place de la nature accrue avec :

  • L’intégration des objectifs du Plan biodiversité de 2018, dont l’un était de faire de Paris à l’horizon 2030 un « Parc naturel urbain »;

  • La préservation du plein-sol et la lutte contre l’artificialisation des sols : objectif de 30% de pleine terre ;

  • La création de nouveaux espaces de nature et de liaisons vertes dans les quartiers (« chemins de la nature ») ;

  • Le renforcement des espaces de nature existants et la restauration de la biodiversité ;

  • La déminéralisation de 35% du territoire en surface perméables végétalisées ;

  • L’identification de nouveaux espaces protégés par le règlement dont les lacunes actuelles sont énoncées ;

  • De faire des cœurs d’îlots un pilier de la ville résiliente et renforcer la protection de la végétation qui s’y trouve.

  • La prise en compte du patrimoine naturel au même titre que du patrimoine bâti ; créer des protections des arbres remarquables dans les parcelles privées …

b) …mais des reculs significatifs dès la deuxième version soumise au public

  • Le Plan biodiversité n’est tout simplement plus mentionné ;

  • Les objectifs de 30% de pleine terre et de 35% de déminéralisation ont disparu

  • Ainsi que la protection spécifique de certains arbres remarquables dans les parcelles privées

  • Et d’une façon générale, les formulations sont beaucoup plus floues.

c)et la contradiction majeure densification / renaturation n’est pas assumée

La poursuite de la densification ne pourrait se faire qu’au détriment des espaces libres et espaces verts et/ou de celui du paysage urbain…que la Ville prétend vouloir préserver voire améliorer.

La question de la pleine terre, patrimoine majeur à préserver pour permettre l’adaptation de Paris au changement climatique et la préservation de la biodiversité, doit être un élément central du PADD. La Ville doit se donner des objectifs ambitieux et clairs et indiquer les moyens qu’elle compte se donner pour y répondre.

d) Il faut changer les pratiques actuelles, éloignées de ces bonnes intentions

L’actuel PLU donne nombre d’exemples de dévoiement du langage :

  • Ainsi, dans le secteur de « renforcement du végétal », les règles ne garantissent aucunement ce renforcement ;

  • Les « Espaces verts protégés » (EVP) ne sont pas figés quant à leur localisation et peuvent être déplacés …donc la végétation détruite. Dans la communication de la Ville, le terme de « surface végétalisée pondérée « (calculée au moyen de coefficients qui convertissent des surfaces de jardinières en surfaces de pleine terre) devient, commodément pour qui veut construire, « surface de pleine terre végétalisée ».

  • Des « Espaces boisés classés », le plus haut niveau de protection existant, voient comme le Champ de Mars des constructions s’y ériger et des activités événementielles s’y succéder sous couvert d’installation provisoire ;

  1. Et un greenwashing dissimulant la bétonisation de Paris

Il est évidemment à craindre que les belles paroles des orientations du PADD ne se retrouvent pas dans le futur PLU ni dans son application et ne masquent une poursuite des orientations anciennes comme la relance du projet de la Tour triangle peut le faire craindre.

Il faudra demander à la Ville comment elle compte mettre en œuvre les objectifs du PADD et lui rappeler ses engagements à toutes les étapes de l’élaboration du PLU, avec des indicateurs précis.

Par ailleurs, au niveau des arrondissements, la question de la protection de la nature dans les îlots privés est essentielle car ils le sont insuffisamment :

  • Tant en nature de protection ; la classification en Espace libre à végétaliser (ELV) est plus protectrice que celle d’EVP ;

  • Qu’en extension : seuls, un peu plus du tiers des espaces végétalisés des parcelles sont protégés en tant qu’EVP, donc 400 ha restent à protéger, notamment dans les terrains des grands propriétaires institutionnels et des congrégations religieuses.

Les services de la Ville vont engager une mise à jour de ces protections et l’intervention voire même la mobilisation des riverains sera déterminante

  • Toujours dans les arrondissements les associations doivent être très vigilantes pour préserver des ambiances locales, des lieux singuliers pittoresques et les protéger d’une tendance à tout surélever et mettre au cordeau d’un règlement uniforme.

Pour FNE Paris, la priorité est de préserver les particularités paysagères et patrimoniales des quartiers de Paris, renforcer la nature et la biodiversité existantes, stopper les abattages d’arbres, arrêter le bétonnage des jardins publics et privés et les sanctuariser, stopper la minéralisation des sols, sauvegarder les cœurs d’ilots et les jardins privés des grands propriétaires institutionnels.

2. Les enjeux localisés et secteurs de projet

Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) du Boulevard Périphérique

Le PADD annonce une OAP Périphérique. Les années passées ont permis la construction de nombreux bâtiments sur les talus du Bd périphérique, laissant à penser que dans un court avenir cette infrastructure autoroutière allait muter en ‘’boulevard urbain’’. Nous ne croyons pas à ce leurre car ce discours habille des autorisations de construire sur des talus aujourd’hui verdoyants appartenant à la Ville.

La renaturation des talus du périphérique, voire leur agrandissement à terme par suppression d’une voie de circulation renforcerait le rôle du corridor de biodiversité joué partiellement par la ceinture verte en permanence grignotée.

Le Bd périphérique est une très importante infrastructure héritée de la seconde partie du 20ème siècle. On ne peut le considérer comme un sujet strictement parisien et faire financer des évolutions nécessaires comme celles des gros échangeurs, des couvertures partielles, de la renaturation des talus par les seules opérations d’aménagement parisiennes qui le bordent. C’est ce raisonnement qui a mené à la logique de construction de quartiers de tours à Bercy Charenton ou à Bruneseau. Il faut réinitier par exemple dans le cadre des contrats de plan Etat-Région-Ville de Paris un programme décennal d’évolution et de transformation positive de l’infrastructure, comme cela a été fait par le passé pour la construction de murs anti-bruits ou entre 2000 et 2010, la couverture par des jardins des tronçons Porte de Vanves et Porte des Lilas.

L’espace compris entre le Bd des maréchaux et le Bd périphérique, historiquement dénommé la ‘ceinture verte de Paris ‘ ne doit pas être ‘ la dernière réserve d’un urbanisme de macros lots et de tours ceinturant Paris. Les nombreux terrains de sport ne peuvent être des réserves à bâtir.

Calendrier des réunions par arrondissements

-21 janvier 2022     19h        12 ème arrondissement

-24 janvier 2022     19h         6 ème arrondissement

-25 janvier 2022     18h30      9 ème arrondissement 

-26 janvier 2022     19h          8 ème arrondissement 

-27 janvier 2022     19h         7 ème arrondissement

-31 janvier 2022     18h30     19 ème arrondissement

-1er février  2022     19h       10 ème arrondissement

-2   février   2022    19h         16 ème arrondissement

-3   février   2022     19h         13 ème arrondissement

-4  février    2022     19h         20 ème arrondissement

-7  février    2022     19h         18 ème arrondissement

-11 février    2022     19h        11 ème arrondissement

-14 février    2022     19h        14 ème arrondissement

-15 février    2022     19h        15 ème arrondissement

-16 février    2022      19h         5 ème arrondissement

-17 février    2022      19h          Paris centre ( 1,2,3,4 ème)

-18 février    2022      18h30     17 ème arrondissement