Voici la lettre ouverte de FNE Paris demandant à la Maire de Paris de déclarer la pérennité temporaire ou définitive des tunnels pour que la SNCF engage les travaux de sécurité du site demandés par la Préfecture permettant aux artisans d’y rester.

Communiqué de presse

Madame la Maire, Monsieur le Premier adjoint, Madame la Maire du 12e arrondissement, Mesdames et Messieurs les Conseillers de Paris,

Nous vous demandons de contribuer à l’arrêt des expulsions Tunnel des Artisans en précisant d’urgence à au propriétaire des Tunnels (SNCF immobilier) que les travaux concernant la ZAC Bercy-Charenton ne démarreront pas avant 4 ans minimum.

Le temps de travail sur un nouveau projet, suite à sa remise à plat en février 2021, son circuit administratif, la mise en enquête publique permettent d’envisager un tel moratoire.

En effet, faute de visibilité sur ces délais, le propriétaire ne peut débloquer l’enveloppe budgétaire modique de 200.000 € permettant de sécuriser les lieux, comme le demande la Préfecture, ainsi que l’indique l’article du Parisien du 26/05/2021

https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-75012/paris-le-tunnel-des-artisans-sauvera-ses-voutes-mais-pas-ses-entrepots-26-05-2021-TNIGM4AD6RDT7LSKXOMSZSFUDE.php

Une telle intervention paraît tout à fait dans la logique de la conception de Ville solidaire et inclusive, productive et résiliente face au changement climatique, telle que vous la soutenez dans votre PLU Bioclimatique.

En effet, outre le terrible drame social de ces expulsions que toute mairie devrait avoir à coeur d’arrêter, ces tunnels devraient être considérés par la ville et la SNCF comme un formidable atout pour Paris : Ils sont à la fois des frigidaires naturels, et abritaient jusqu’à peu la plus grande cave à vin de Paris; ils constituent aussi depuis l’origine, 1881, une plate-forme logistique multimodale qui trouve idéalement son débouché dans notre 21e siècle, puisque situés en bord de Seine et de la gare de Bercy, parfaitement adaptés à la livraison du dernier kilomètre. Ils existent et ne demandent que peu d’investissement pour les mettre en sécurité et pérenniser leur fonctionnement.

http://www.letunneldesartisans.com/

Aussi aux côtés des artisans des Tunnels, des associations du 12e, des associations de défense du patrimoine et de l’environnement, FNE Paris vous demande instamment d’intervenir auprès de tous et de la SNCF en particulier pour sauver un équipement public essentiel pour le devenir de Paris et ses habitants.

Dans l’espoir que cette demande débouche enfin sur la première étape décisive d’une autre façon de faire la ville, nous vous adressons nos respectueuses salutations.

Christine Nedelec

Présidente de FNE Paris, Vice-présidente de FNE IDF


Article du Parisien

https://www.leparisien.fr/paris-75/paris-75012/paris-le-tunnel-des-artisans-sauvera-ses-voutes-mais-pas-ses-entrepots-26-05-2021-TNIGM4AD6RDT7LSKXOMSZSFUDE.php

Paris : le tunnel des artisans sauvera ses voûtes

mais pas ses entrepôts

Condamnés au départ depuis deux ans, dans le cadre du grand projet d’aménagement de la ZAC Bercy-Charenton, les commerçants installés dans l’ancienne gare de la Râpée (XIIe) ont déjà presque tous libéré le site.

Par Elodie Soulié 

Le 26 mai 2021 à 16h10

Sous le tunnel de l’ancienne gare de la Râpée (XIIe), le « réfrigérateur naturel » le plus insolite de Paris se fige peu à peu dans un silence encore plus froid. Froid comme la mort de l’activité autrefois trépidante, qui faisait de ce long alignement d’entrepôts sous des voûtes de pierre, une fourmilière souterraine de près de 15 000 mètres carrés.

Condamnés au départ par le gigantesque projet d’aménagement de la ZAC Bercy-Charenton, à l’horizon 2030, les négociants en vin et les grossistes en alimentaire, locataires de la SNCF selon des conventions d’occupation progressivement non renouvelées, sont déjà pour la plupart sortis du tunnel. Certains résistent pourtant et bataillent toujours pour obtenir une relocalisation, seule alternative, selon eux, à la fermeture radicale de leur entreprise.

« Rester ici ou tout arrêter »

Parmi eux, un grossiste en viandes, un spécialiste des vins corses et italiens, et « le doyen » des locataires, Taïeb Chahed, le patron de CHRTL Vintage logistique. Voilà près de vingt-cinq ans qu’il pilote un entrepôt devenu incontournable dans l’approvisionnement des tables de la capitale, y compris celle du Sénat ou de l’Élysée…

Pour lui, c’est « Rester ici ou tout arrêter », la mort dans l’âme, faute de locaux adaptés qu’il puisse également assumer financièrement. Le commerçant vient de déposer un recours contre son expulsion au tribunal administratif, et tente toutes les pistes pour retarder une échéance néanmoins notifiée par une visite d’huissier, il y a deux semaines.

Paris (XIIe), rue Baron-Leroy (XIIe), mardi 25 mai 2021. Taïeb Chahed est l'un des derniers "résistants" du site, et craint de devoir mettre la clé sous la porte d'ici l'été. LP/E.S.

Paris (XIIe), rue Baron-Leroy (XIIe), mardi 25 mai 2021. Taïeb Chahed est l’un des derniers “résistants” du site, et craint de devoir mettre la clé sous la porte d’ici l’été. LP/E.S.

« Il y a moyen d’organiser ce site autour du vin naturel et biodynamique », milite de son côté Emmanuel Moutot, en poussant de lourds chariots de caisses. Pour ce grossiste, qui fournit de nombreux restaurants parisiens en vins naturels, « c’est le lieu idéalement tempéré pour ces vins fragiles. On pourrait imaginer un espace dédié, couplé par exemple avec un site de culture de champignons. On y travaille », veut croire le commerçant, en soulignant que « l’on ne trouvera pas à Paris de site équivalent ».

Paris (XIIe), rue Baron-Leroy, mardi 25 mai 2021. Emmanuel Moutot défend un lieu dédié aux vins naturels.

Paris (XIIe), rue Baron-Leroy, mardi 25 mai 2021. Emmanuel Moutot défend un lieu dédié aux vins naturels. LP/E.S.

Pourtant, le contre-projet esquissé par les commerçants risque de faire long feu, tant l’avenir du tunnel semble scellé : la SNCF, encore propriétaire du lieu qu’elle cédera à la Semapa, futur aménageur de la ZAC, se dit obligée de vider le site. « Nous sommes face à une contrainte supplémentaire qui n’est pas directement liée au projet d’aménagement, explique Jean Faussurier, directeur de SNCF Immobilier pour l’Ile-de-France. Une inspection des services de l’État, en 2019, a révélé la nécessité de réaliser de grands travaux de mise aux normes et nous contraint d’y limiter la capacité de stockage. La solution choisie est de libérer la Râpée inférieure, et de maintenir une activité dans le bâtiment de la Râpée supérieure. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous demandons aux commerçants de libérer les lieux, cela représente des coûts de gardiennage et des recettes de loyers en moins. »

200 000 euros de travaux nécessaires

Pour les derniers professionnels présents sur le site, l’alternative de les reloger dans le bâtiment de la Râpée supérieure est une fausse solution, destinée à les décourager un peu plus. « La SNCF nous annonce 200 000 euros de simple mise en conformité du bâtiment pour la sécurité, alors qu’en principe c’est au propriétaire d’assumer ces travaux ! dénonce Taïeb Chahed. Il faudra y ajouter l’investissement énorme en équipement de réfrigération. »

Sauf que la SNCF n’a aucun intérêt, donc guère plus l’intention, à investir dans la mise aux normes d’un bâtiment voué à disparaître. « Mettre beaucoup d’argent dans un lieu sur lequel nous n’avons aucune garantie sur la durée ne serait pas pertinent, ni pour nous ni pour les locataires », souligne Jean Faussurier.

« La conservation de la voûte sera intégrée au projet urbain »

Quant au caractère patrimonial du site, ces voûtes immenses et vestiges de l’ancien fief des négociants en vins de Paris, « le commissaire enquêteur a recommandé de préserver ce tunnel lors de l’enquête publique sur le projet d’aménagement, rappelle Patrice Maire, le président de l’association de défense du patrimoine Monts 14. Or s’il n’y a plus d’artisans, qui sait ce que deviendra ce lieu. »

Paris (XIIe), rue Baron-Leroy, mardi 25 mai 2021. La plupart des commerçants ont déjà libéré les lieux. LP/E.S.