Contestation de la validité de la consultation
Demande de révision du projet

Notre association FNE Paris espérait pouvoir se réjouir d’un projet de valorisation du Champ de Mars et du site Tour Eiffel, après tant d’années passées aux côtés des associations locales à réclamer un entretien et soin du jardin Champ de Mars à la hauteur de ce site emblématique.

PPVE Projet d’aménagement du site Tour Eiffel
Avis défavorable de FNE Paris

Contestation de la validité de la consultation
Demande de révision du projet

L’examen attentif du dossier, à la lumière du remarquable avis de l’Autorité Environnementale (AE), inquiétante, nous amène à constater que ce projet coûteux ne remplit pas les attentes raisonnables et légitimes d’un tel projet.
Plus grave, nous pensons que certaines lacunes du dossier et une présentation contestable des surfaces végétalisées induisent en erreur le public et mettent en danger la validité de la consultation.

Nous nous réjouissons que les Parisiens ne se laissent pas tromper par les artifices médiatiques de ce projet : cette consultation PPVE bat tous les records en nombre d’avis majoritairement défavorables semble-t-il.

Pour ce projet, FNE Paris dénonce en premier lieu le biais d’une philosophie centrée sur une approche événementielle et commerciale et à courte vue du site, alors qu’une vision environnementale et sur le long terme s’imposait dans un site majeur pour Paris.
Elle dénonce un projet inabouti et lacunaire selon les termes de l’AE en décalage complet avec les besoins d’entretien du lieu et les demandes des habitants et associations.

Pour FNE Paris, à l’instar des associations qu’elle représente, il est urgent de stopper le projet et le revoir de fond en comble.

Il est urgent de le recentrer dans un premier temps sur une remise en état environnementale et patrimoniale du Champ de Mars avec valorisation de l’héritage Belle Epoque, organiser une proposition éphémère et la moins impactante possible pour les JO, utilisant les locaux ou commerces vides à proximité et envisager un second temps de restauration et aménagements post JO.

Mais dans le cadre de la consultation PPVE présente, FNE Paris dénonce :

1. Une conception événementielle du site au détriment du patrimoine, de l’environnement et de la promenade
2. Une privatisation du site et Des constructions de commodités pour la SETE inadmissibles dans l’Espace Boisé Classé.
3. Une artificialisation inutile des espaces, induite par ce principe d’événementialisation des espaces et de gestion des flux
4. Une étude d’impact fournie mais lacunaire et Une absence de plan de gestion, avant, pendant et post Jeux Olympiques avec une lisibilité et limitation de l’événementiel
5. Une approche environnementale insuffisante notamment sur le plan de la reconquête de la biodiversité avec Des abattages inutiles et Trop peu de replantations
6. Une modification du PLU discutable
7. Une absence de prise en compte de la Seine
8. Un projet au coût disproportionné au regard des réels besoins du site

1 Une conception événementielle du site au détriment du patrimoine, de l’environnement et de la promenade

L’espace public et les jardins comme la Tour Eiffel et le jardin du Champ de Mars ne sont pas des espaces événementiels et doivent rester des lieux de promenade et d’agrément

Cette omniprésente gestion événementielle de l’espace public par la ville est ici en totale opposition avec la philosophie originelle du site Tour Eiffel, notamment en ce qui concerne le jardin du Champ de Mars.
L’esprit de l’inscription du jardin en Espace Boisé Classé, lieu de promenade publique, au caractère historique et patrimonial mondialement reconnu, est reduit à une vocation commerciale au détriment des promeneurs et de l’environnement.

Le Grand Palais éphémère a été imposé par la Ville sur le site en dépit des nombreuses alternatives proposées, il montre la voie.

Avec ce projet, le patrimoine Belle Epoque, sa signalétique, ses petits éléments modestes, arcatures festonnées autour des pelouses disparait derrière un mobilier moderne et insipide, des kiosques lourdauds et fonctionnels.

Voir Avis de l’AE p15
Le secteur d’étude, au sein du périmètre Unesco, comprend un deux sites classés et un site inscrit,
huit monuments historiques classés et inscrits et 43 périmètres de monuments historiques. Le site
est au croisement d’une composition monumentale paysagère et de la Seine. Le paysage doit être
lu à trois échelles : grand paysage, axe central, ambiances locales très variables selon les différents
secteurs et jardins.

Voir le Mémoire en réponse p12

“Un équilibre à trouver pour répartir la pression évènementielle
L’objectif est de trouver un équilibre dans la répartition globale de l’évènementiel autorisé par la Ville de Paris sur le Site Tour Eiffel.
Les zones piétonnes créées dans le cadre du projet d’aménagement ouvrent de nouveaux espaces potentiels pour un évènementiel bénéficiant du cadre emblématique, notamment la
Place de Varsovie au pied de la fontaine du Trocadéro.”

 

2 Une privatisation du site, principalement de l’Espace Boisé Classé au profit de l’événementiel et de la SETE et au détriment du public et de la jouissance des promeneurs, Parisiens ou non.

La SETE s’approprie toujours plus de terrain et ce projet opère notamment sur le jardin du Champ de Mars et le stade Emile Anthoine de véritables soustractions à l’espace public aboutissant à leur privatisation et détérioration.

Voir aussi la Synthèse de l’AE qui “ recommande également de préciser l’avenir du site sportif Émile Anthoine.”

3 Une artificialisation inutile des espaces, induite par ce principe d’événementialisation des espaces et de gestion des flux

21 kiosques commerciaux de 14 à 35 m2 sont prévus, ainsi que nouvelles constructions de bureaux dans l’enceinte de la Tour Eiffel, des bagageries entre autres autres. Le quartier Tour Eiffel est pourtant à même d’offrir des lieux pour accueillir dans le bâti existant ces aménités.

Selon l’AE et notamment sa synthèse
“L’examen attentif des variantes analysées semble accorder systématiquement la préférence pour les
variantes se référant à l’esthétique du site au début du XXe siècle, le plus souvent au détriment des
variantes plus végétales, alors que le site est constitué de composantes monumentales et végétales complémentaires.

Le mémoire en réponse n’est pas rassurant car il prévoit de manière pérenne les événements lourds voir p12

“La pression sur le végétal est à restreindre au maximum. Sauf très grands évènements avec mise en place
de modules de protection des pelouses spécifiques, les zones végétales ne doivent pas être le support
des futurs évènements. Les massifs arbustifs et de vivaces situés aux abords des manifestations ou des
circulations de flux piétons liés à l’événement et zones techniques type ‘backstage’ devront être protégés
par des barrières mobiles de sorte à les protéger des piétinements et des mouvements de foules.
Un maillage de bornes évènementielles à construire
Afin de limiter les travaux de préparation et l’installation de groupes électrogènes lors de chaque
évènement, un maillage pérenne d’arrivées de fluides (eau potable, évacuation, électricité) sur les
espaces privilégiés, au droit des zones minérales, est à l’étude en ce moment.”

 

4 Une étude d’impact fournie mais lacunaire et Une absence de plan de gestion, avant, pendant et post Jeux Olympiques avec une lisibilité et limitation de l’événementiel

Voir Synthèse de l’avis AE page 4

« Le contenu du projet est incomplet : l’étude d’impact devrait porter sur toutes les phases du projet
(avant les Jeux olympiques et paralympiques, pendant la période des Jeux et après celle-ci, de 2024
à 2030) et prendre en compte l’exploitation future du site, incluant les manifestations sportives et
festives. L’Ae recommande d’établir un plan de gestion et de fonder l’analyse de l’ensemble des
incidences sur des hypothèses d’usage et de fréquentation du site explicites et cohérentes avec la
cible annoncée pour 2030. Elle recommande également de préciser l’avenir du site sportif Émile
Anthoine.”

Et aussi l’avis détaillé p10

1.2.2 Contenu du projet
L’étude d’impact se focalise sur les travaux au sein du périmètre d’intervention de la demande de
permis d’aménager décrits ci-dessus. Elle ne définit pas le contenu du projet, au sens de l’article L.
122-1 du code de l’environnement, ce qui est un préalable pourtant indispensable pour pouvoir
analyser ses incidences dans leur ensemble. L’Ae identifie ci-après plusieurs composantes qui
devraient être décrites de façon plus précise, voire pleinement intégrées au projet
1.2.3

La transformation du site est susceptible de conduire à une modification des usages actuels. Le
dossier met bien en évidence les incidences négatives passées d’une gestion « au fil de l’eau ». Il
paraît difficile d’anticiper de façon fiable les effets du projet, sans décrire des règles et modalités
de gestion dans la durée. Pourtant, l’absence de plan de gestion du (ou des) site(s) a été confirmée
oralement aux rapporteurs, ce qui surprend pour un site de renommée mondiale.

p11 AE
’Ae recommande de compléter le contenu du projet et l’étude d’impact, et en particulier :
– de décrire le cadre de l’exploitation future du site, incluant les manifestations sportives et festives
et d’établir un plan de gestion pour l’ensemble du site (aménagements et fréquentation) ;
– de fournir une analyse des incidences spécifiques à la phase JOP ;
– de décrire les hypothèses et les options pour les aménagements postérieurs à 2024.
12
L’Ae recommande au maître d’ouvrage de préciser ses intentions pour le site Émile Anthoine, ainsi
que leur traduction à prévoir dans le cahier des charges de la future concession, en particulier en
matière paysagère pour améliorer la découverte de la Tour Eiffel en provenance du métro Bir-Hakeim

L’Ae recommande d’apporter, sur l’enceinte sécurisée de la Tour Eiffel, les précisions nécessaires
pour l’analyse des incidences environnementales du projet.

De même, selon l’AE
19
L’Ae recommande de compléter significativement la description des usages du site et tout
particulièrement ses usages sportifs et festifs (nombre des manifestations, mesures de « gestion »,
impacts environnementaux) au cours des dernières années et de développer le retour d’expérience
pour faire ressortir les points saillants de nature à éclairer des recommandations pour l’usage futur
du site.

21
Au regard de l’usage du site et de la fréquentation importante d’enfants, l’étude d’impact évoque la
nécessité d’investigations complémentaires pour pouvoir garantir la compatibilité des usages futurs
et évaluer la qualité de l’air intérieur.

L’Ae recommande de présenter les différents types et les consommations d’énergie du site dans
l’état initial et d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre correspondantes.
Avis délibéré n° 2020-115 du 10 mars 2021
Aménagement du site de la Tour Eiffel sur la commune de Paris (75)
Page 21 sur 30

L’Ae recommande de compléter l’étude relative à la production d’énergie renouvelable par
l’évaluation du potentiel des énergies identifiées comme « envisageables » « à expertiser ».

22
Le fait de ne pas aborder le projet dans sa globalité ne permet pas d’expliciter certains choix
pourtant essentiels, et tout particulièrement celui relatif aux usages futurs du site et à sa
fréquentation. Ce sont pourtant des questionnements majeurs issus des concertations préalables,
repris du bilan de la garante de la concertation (Cf. 1.3) :
– en réponse à « une inquiétude sur la politique touchant à l’activité événementielle sur le site » :
« le projet intègre cette donnée en prévoyant de concentrer les événements sur les espaces « en
dur » mais ne constitue pas en tant que tel une réponse à cette question sur ce que sera la
politique événementielle sur le site ». Le seul engagement pris par le maître d’ouvrage est de ne
pas autoriser d’événements sur la place du Trocadéro et de les concentrer en priorité dans des
lieux situés loin des riverains ;
– en réponse à « la crainte que le projet soit beau sur le papier mais qu’il ne puisse résister aux
pressions de toute nature auquel il aura à faire face » : « A été questionnée à plusieurs reprises
en particulier la capacité de la Ville de Paris à assurer de manière satisfaisante l’entretien des
lieux et des services proposés (espaces verts, toilettes, poubelles, etc.). Ces préoccupations se
sont traduites par la proposition souvent exprimée d’une structure de gouvernance et de gestion
qui soit spécifique au site ».

Non seulement, le dossier ne répond pas à cette question, mais il n’éclaire pas les options et les
choix possibles.
L’Ae recommande d’expliciter les principales options de gestion future du site et de comparer leurs
incidences environnementales

5 Une approche environnementale insuffisante notamment sur le plan de la reconquête de la biodiversité et une manipulation des chiffres

Voir Synthèse de l’Ae qui
“estime que le projet devrait davantage s’inscrire dans une vision d’avenir prenant en compte le
changement climatique et l’adaptation nécessaire en cohérence avec l’ambition initiale du projet.
Celui-ci n’apparaît pas beaucoup plus adapté aux facteurs de dégradation du site que la situation
actuelle. “

Avis détaillé de l’AE p12
L’Ae recommande d’apporter, sur l’enceinte sécurisée de la Tour Eiffel, les précisions nécessaires
pour l’analyse des incidences environnementales du projet.

Ainsi, partant de 4,8 ha de surfaces plantées existantes, le dossier quantifie la suppression de
surfaces plantées à 0,6 ha (dont en particulier d’environ 2 300 m2 sur le Champ-de-Mars, du fait
notamment du rétrécissement du « tapis vert » de pleine terre). Il intègre, dans les 2,3 ha de surfaces
plantées créées, tous les morceaux de « tapis vert » en « pelouses techniques » mais aussi la
végétation temporaire du pont d’Iéna. Il conviendrait de bien distinguer les surfaces et les ratios des
pelouses techniques et autres surfaces sur support artificiel, des surfaces plantées en

(dans l’emprise de la Tour ou le long de la promenade plantée du quai Branly).
De même, l’analyse des surfaces du plan local d’urbanisme des espaces boisés classés (EBC), des
zones urbaines vertes (UV) et des espaces verts protégés (EVP) est présentée comme une diminution
de 953 m2 pour les premiers, une augmentation de près de 2,26 ha pour les secondes et de 1 500 m2
pour les troisièmes, alors que la plupart de ces évolutions consistent principalement en un
changement de statut dans le PLU sans changement d’état : pour les EBC, la plupart des
déclassements sont des régularisations de situations historiques (Cf. kiosques du jardin du
Trocadéro, pourtant hors périmètre d’intervention, et ancien cantonnement militaire sur le Champ-
de-Mars), mais quelques extensions aux pieds de la Tour Eiffel sont bien déjà des espaces verts
15 « Le centre sportif Émile Anthoine fait partie du tissu urbaine discontinu du front de Seine où les compositions sont libres.
Il a été construit en 1979 par l’architecte Anthony Béchu. La composition dite « libre » est issue des principes du
mouvement moderne. L’implantation des bâtiments s’affranchit des tracés des voies et des limites parcellaires et se base
davantage sur l’orientation cardinale et la disposition du programme ». Le bâtiment est protégé par un droit d’auteur.
Avis délibéré n° 2020-115 du 10 mars 2021
Aménagement du site de la Tour Eiffel sur la commune de Paris (75)
Page 12 sur 30

protégés et certains EBC sont « détourés » pour permettre l’implantation de certaines composantes
du projet ; quant aux zones urbaines vertes, l’augmentation est liée, pour l’essentiel, au
reclassement du stade Émile Anthoine.

AE p17
17
Le schéma directeur d’Île-de-France (Sdrif) approuvé par décret n°2013-1241 met en exergue « le
fleuve et les espaces en eau » comme à préserver et valoriser. L’axe Trocadéro – Champ-de-Mars et
les quais de Seine y sont classés comme « liaison verte à préserver ». La Seine est classée parmi les
« corridors alluviaux multitrames en contexte urbain » du schéma régional de cohérence écologique.
Le site ne comporte aucun périmètre de protection ou patrimonial environnemental.

La plupart des espèces faunistiques et floristiques présentes sur le site sont assez communes dans
les espaces végétalisés de Paris. Les principaux enjeux concernent les oiseaux nicheurs, notamment
le Gobemouche gris, le Grimpereau des jardins, le Roitelet huppé, le Verdier d’Europe ou encore le
potentiel Pic épeichette dont les milieux arborés constituent des zones de nidification. On peut
relever également trois espèces de chauves-souris, une bonne diversité d’insectes, mais aussi une
espèce d’amphibien (l’Alyte accoucheur) assez rare, localisée dans les zones humides de la partie
ouest des jardins du Trocadéro.
Le dossier recense de nombreux arbres à cavités sur l’ensemble du site. Au-delà de leur
dénombrement et de leur localisation, l’état initial n’analyse pas la diversité et les enjeux
patrimoniaux des arbres plantés (plus d’une centaine d’essences différentes), ni la valeur
patrimoniale de certains arbres des jardins aménagés il y a plus d’un siècle, comme « le plus gros
et le plus vieux des Arbres à gutta percha (1904), le plus haut (18 mètres) et le plus âgé des Mûriers
blancs à l’écorce vieillissante gris-brun crevassée (1904), le plus vieux des Micocouliers de Provence
(1896), mais aussi un Marronnier jaune (1902), un Oranger des Osages (1935), un Plaquemier (kaki),
un Lilas des Indes, un Parrotie de l’Himalaya aux floraisons blanc verdâtre d’avril »20. Le dossier ne
reflète pas la grande richesse des boisements du site. L’état phytosanitaire des arbres n’est pas
renseigné, au-delà du rappel par le dossier des pressions liées à la fréquentation.
Des espèces exotiques envahissantes sont également localisées.
L’Ae recommande de compléter significativement la description du patrimoine végétal arboré du
site, notamment au regard de la variété et de l’originalité des espèces, de leur valeur patrimoniale,
mais aussi de leur état sanitaire.
Le dossier reprend un extrait de la cartographie des « îlots et parcours de fraîcheur à Paris en
journée » réalisée par l’Atelier parisien d’urbanisme. Elle montre que, bien que l’ensemble du site
soit majoritairement non bâti, seule une partie des jardins du Trocadéro constitue un îlot de
fraîcheur de jour. En particulier, le Champ-de-Mars est recouvert de moins de 25 % de végétation
haute.

18
le bon potentiel
écologique était affiché pour 2021 dans le Sdage 2016-2021 (annulé). Le dossier devrait préciser
l’objectif prévu par le Sdage 2022-2027. Il n’y aucune zone humide identifiée sur le site.
Les usages de l’eau21 ne sont décrits que de façon qualitative. Il est nécessaire, pour pouvoir
compléter l’analyse des impacts, de les quantifier (arrosage, fontaines, sanitaires, mais aussi besoins
spécifiques aux manifestations). La DEVE met en œuvre une méthode que le dossier qualifie
d’irrigation raisonnée. Toujours selon le dossier, les jardins en rive droite sont arrosés à 30 % par
de l’eau potable ; les jardins du Champ-de-Mars à 92 %.

De même les aspects environnementaux et la gestion de l’eau semblent approximatifs

AE p19
L’Ae recommande de compléter significativement la description des usages du site et tout
particulièrement ses usages sportifs et festifs (nombre des manifestations, mesures de « gestion »,
impacts environnementaux) au cours des dernières années et de développer le retour d’expérience
pour faire ressortir les points saillants de nature à éclairer des recommandations pour l’usage futur
du site.

21
Au regard de l’usage du site et de la fréquentation importante d’enfants, l’étude d’impact évoque la
nécessité d’investigations complémentaires pour pouvoir garantir la compatibilité des usages futurs
et évaluer la qualité de l’air intérieur.

L’Ae recommande de présenter les différents types et les consommations d’énergie du site dans
l’état initial et d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre correspondantes.
Avis délibéré n° 2020-115 du 10 mars 2021
Aménagement du site de la Tour Eiffel sur la commune de Paris (75)
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L’Ae recommande de compléter l’étude relative à la production d’énergie renouvelable par
l’évaluation du potentiel des énergies identifiées comme « envisageables » « à expertiser ».

22
Le fait de ne pas aborder le projet dans sa globalité ne permet pas d’expliciter certains choix
pourtant essentiels, et tout particulièrement celui relatif aux usages futurs du site et à sa
fréquentation. Ce sont pourtant des questionnements majeurs issus des concertations préalables,
repris du bilan de la garante de la concertation (Cf. 1.3) :
– en réponse à « une inquiétude sur la politique touchant à l’activité événementielle sur le site » :
« le projet intègre cette donnée en prévoyant de concentrer les événements sur les espaces « en
dur » mais ne constitue pas en tant que tel une réponse à cette question sur ce que sera la
politique événementielle sur le site ». Le seul engagement pris par le maître d’ouvrage est de ne
pas autoriser d’événements sur la place du Trocadéro et de les concentrer en priorité dans des
lieux situés loin des riverains ;
– en réponse à « la crainte que le projet soit beau sur le papier mais qu’il ne puisse résister aux
pressions de toute nature auquel il aura à faire face » : « A été questionnée à plusieurs reprises
en particulier la capacité de la Ville de Paris à assurer de manière satisfaisante l’entretien des
lieux et des services proposés (espaces verts, toilettes, poubelles, etc.). Ces préoccupations se
sont traduites par la proposition souvent exprimée d’une structure de gouvernance et de gestion
qui soit spécifique au site ».

Non seulement, le dossier ne répond pas à cette question, mais il n’éclaire pas les options et les
choix possibles.
L’Ae recommande d’expliciter les principales options de gestion future du site et de comparer leurs
incidences environnementales.

23
Le dossier analyse sept choix de l’aménagement : la place du Trocadéro, les terrasses et la pelouse
de la fontaine de Varsovie, l’aménagement du pont d’Iéna, l’aménagement du bâtiment Émile
Anthoine, les piliers de la Tour, l’aménagement du Champ-de-Mars et le choix transversal de
gestion des eaux pluviales.
La restitution des raisons de ces choix est succincte et pas toujours explicite. En particulier, certains
choix essentiels, comme l’organisation de la circulation automobile sur la place du Trocadéro ou le
long des quais, ne sont ni discutés ni argumentés, par exemple sur la base de plusieurs scénarios
(nombre de voies, sens de circulation…). En particulier pour la circulation, les options retenues
devraient s’appuyer sur une analyse comparée des taux de saturation, des remontées de file sur les
secteurs concernés ainsi que sur les temps de parcours pour des itinéraires à une échelle plus large
et sur une appréciation de leurs effets sur les pollutions et les nuisances.
L’examen attentif des variantes analysées semble accorder systématiquement la préférence pour
des variantes se référant à l’esthétique du site au début du XXe siècle, le plus souvent au détriment
des variantes plus végétales, alors que le site est constitué de composantes monumentales et
végétales complémentaires. Ainsi, les plantations d’arbres ne sont que très marginalement
complétées : la volonté de préserver la vision du site à partir de la place du Trocadéro limite la
densification de la trame arborée ; l’aménagement temporaire du pont d’Iéna, présenté comme une
« végétalisation en bacs », doit certes intégrer des nombreuses contraintes (réversibilité pour les
JOP, sécurité des piétons, protection du monument historique), mais le résultat paraît être une
traduction particulièrement éloignée et dégradée de l’ambition initiale, sans réellement
correspondre à l’esprit du site.

24
sur la végétalisation des pieds d’arbres, le dossier indique que le retour à une largeur de 25 mètres
« permet en premier lieu de restituer la configuration historique de 1909 et s’ajuste sur la largeur
de la fontaine de Varsovie située dans le même axe » 27 , sans même qu’ait été questionnée
l’élargissement de sa lisière végétale. De surcroît, le projet ne retient une végétalisation des pieds
des arbres que sur les alignements extérieurs, quand bien même les arbres des alignements
intérieurs sont fragilisés par les piétinements, car « ceci permet de maintenir une esthétique
rappelant les origines du site avec du sable stabilisé […] tout en donnant à environ la moitié des
arbres la possibilité de s’ancrer dans un milieu végétal plus perméable ». Il a été indiqué aux
rapporteurs que la terre de la pelouse actuelle du Champ-de-Mars serait régalée au pied de ces
arbres, sans aucune protection particulière pour éviter que les piétinements ne les fragilisent de
nouveau, ce qui semble s’éloigner de l’ambition affichée. Cette ambition aurait pu se matérialiser
par un projet qui renforce la nature en ville, sous forme d’écosystèmes cohérents avec les activités
humaines.

Avis délibéré n° 2020-115 du 10 mars 2021
Aménagement du site de la Tour Eiffel sur la commune de Paris (75)
Page 23 sur 30

sur la végétalisation des pieds d’arbres, le dossier indique que le retour à une largeur de 25 mètres
« permet en premier lieu de restituer la configuration historique de 1909 et s’ajuste sur la largeur
de la fontaine de Varsovie située dans le même axe » 27 , sans même qu’ait été questionnée
l’élargissement de sa lisière végétale. De surcroît, le projet ne retient une végétalisation des pieds
des arbres que sur les alignements extérieurs, quand bien même les arbres des alignements
intérieurs sont fragilisés par les piétinements, car « ceci permet de maintenir une esthétique
rappelant les origines du site avec du sable stabilisé […] tout en donnant à environ la moitié des
arbres la possibilité de s’ancrer dans un milieu végétal plus perméable ». Il a été indiqué aux
rapporteurs que la terre de la pelouse actuelle du Champ-de-Mars serait régalée au pied de ces
arbres, sans aucune protection particulière pour éviter que les piétinements ne les fragilisent de
nouveau, ce qui semble s’éloigner de l’ambition affichée. Cette ambition aurait pu se matérialiser
par un projet qui renforce la nature en ville, sous forme d’écosystèmes cohérents avec les activités
humaines.
Le fait de limiter le dossier à la phase pré-JOP et au périmètre d’intervention associé ne permet pas
d’envisager une gestion de l’équilibre entre la dimension monumentale et la dimension naturelle à
une échelle plus large et dans une perspective de moyen terme (en particulier dans l’ensemble des
jardins du Trocadéro et sur l’ensemble du Champ-de-Mars), qui pourrait en particulier mieux
intégrer un aménagement global des espaces verts sur l’ensemble du Champ-de-Mars et les
interactions avec la Seine, actuellement absente du projet. L’Ae estime que le projet devrait
davantage s’inscrire dans une vision d’avenir prenant en compte le changement climatique et
l’adaptation nécessaire (limitation des risques d’îlots de chaleur, évolution du végétal, gestion
sobre…) en cohérence avec l’ambition affichée pour le projet (« une identité, celle d’un site durable,
résilient, à la gestion exemplaire », « un site qui devient en majorité végétal et piéton »). Alors que
le site est durablement marqué et structuré par des ruptures paysagères décidées en particulier lors
des expositions universelles, le projet semble privilégier la restitution d’un état antérieur. Le projet
ne paraît pas beaucoup mieux adapté aux facteurs de dégradation du site par rapport à la situation
actuelle.
La seule exception majeure concerne les caractéristiques du tapis vert. Son extension modeste et sa
surélévation, associées à une gestion élaborée des eaux pluviales, devraient conduire à une
évolution du paysage ; les pelouses seront moins sensibles au piétinement. Néanmoins, elles en
transforment le caractère, en le rendant plus artificiel, ce qui conduit à relativiser l’augmentation de
la surface d’espaces verts avancée par le projet. De façon générale, le défaut de prise en compte de
l’importance de la trame arborée dans l’état initial ne permet pas d’intégrer ses enjeux dans les
choix du projet et, à moyen terme, dans la valorisation du site alors que c’en est une composante
au même titre que le patrimoine historique.
L’Ae recommande de reprendre l’analyse des différentes variantes en prenant mieux en compte la
dimension végétale du site, notamment arborée et la nécessité d’un aménagement qui renforce sa
résilience aux usages futurs et au changement climatique.

25
L’Ae recommande de fonder l’analyse de l’ensemble des incidences, pendant les travaux, puis
pendant les JOP, puis tout au long de la vie du site au moins jusqu’à 2030, sur des hypothèses
d’usage et de fréquentation du site explicites.

L’Ae recommande, avant les travaux, de caractériser précisément les risques de contamination par
la remise en suspension des poussières du sol contenant des éléments traces métalliques, en
particulier au droit des secteurs accueillant des jeunes enfants mais aussi pour les riverains, et, le
cas échéant, de prévoir des mesures d’évitement ou de réduction de ces risques et de suivi pendant
la durée des travaux.

26
Contrairement à l’analyse de l’état initial, le thème de l’adaptation au changement climatique est
abordé dès le début de l’analyse des incidences dans un tableau récapitulant l’ensemble des effets
concernés : augmentation des températures, fréquence des sécheresses, évolution des
précipitations, augmentation des inondations, augmentation des tempêtes et vents violents.
L’atténuation est abordée par le biais de la prise en compte des Plans climat air énergie de Paris et
de la Métropole du Grand Paris.
Les principales mesures avancées par le dossier sont la « végétalisation importante (bilan net de
plantation d’arbres de + 143 et création nette de 1,7 ha d’espaces végétalisés – + 35 %) » et la
végétalisation des toitures, le « travail spécifique pour recréer le cycle de l’eau sur le site, permettant
la perméabilité des sols et favorisant l’infiltration et l’évapotranspiration des eaux pluviales
rafraîchissant l’atmosphère », l’abattement des petites pluies, la densification des plantations
végétales, le dévoiement d’une partie des ruissellements pluviaux vers les fosses de plantation
d’arbres, la réduction des espaces artificialisés ; les interventions architecturales en zone inondable
seront de l’ordre de la réhabilitation et de la surélévation du bâti existant sans augmentation
d’emprise au sol ni remblaiement de surface.

26
Ces aménagements sont très modestes par rapport au périmètre d’intervention. En outre, cette
présentation plus qu’avantageuse nécessite d’être fortement nuancée : comme analysé dans la
partie § 1.2.2 du présent avis, une grande partie des nouveaux espaces verts sont en réalité des
pelouses techniques du tapis vert qui contribueront peu à la résilience du site vis-à-vis du
changement climatique. Le ratio ne prend en compte que le périmètre d’intervention, alors que le
périmètre du projet comporte des surfaces végétalisés significativement plus importantes. Même en
prenant en compte la surface de 1,7 ha, celle-ci ne représente que 6 % du périmètre d’intervention
de 26 ha. Les autres mesures ne reprennent que le minimum réglementaire (préservation des zones
inondables) ; la gestion des eaux pluviales va au-delà du plan Paris Pluie (les dispositifs de recueil
des eaux pluviales sont dimensionnés parfois largement par rapport aux occurrences de pluie
prévues par le plan) mais n’est pas conforme à la réglementation sur la place du Trocadéro.

Par ailleurs, le projet ne prévoit pour l’instant aucune production d’énergie renouvelable. L’absence
d’évaluation des émissions de gaz à effet de serre conduit à l’absence de mesure d’évitement, de
réduction de ces émissions et des consommations énergétiques. A fortiori, l’étude d’impact ne
démontre pas de quelle façon le projet respecte les objectifs des Plans climat applicables – à
l’exception possible de la reconquête de la qualité de l’air – et sa contribution à la trajectoire vers
la neutralité carbone à l’horizon 2050. Le dossier présente pourtant la trajectoire à l’horizon 2030
(« Vision 2020-2030 ») du Plan climat de la Ville de Paris, avec des objectifs quantifiés en termes de
réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’empreinte carbone, de consommations
énergétiques et de production d’énergie renouvelable.

L’Ae recommande de conduire une analyse complète des émissions de gaz à effet de serre et des
consommations énergétiques dues au projet et de prévoir une ambition et des mesures en
cohérence avec les Plans climat de la Ville de Paris et de la Métropole du Grand Paris.
27
Biodiversité, gestion de l’eau
L’analyse des incidences est conduite, espèce par espèce. Selon le dossier, seules les chauves-souris
et les oiseaux nicheurs sont concernés par des impacts de niveau moyen. Il ne prévoit aucune
mesure d’évitement. Les mesures de réduction ne concernent que la phase chantier (voir ci-dessus).
Selon la même critique que dans l’analyse de l’état initial, le dossier ne précise ni les essences ni la
valeur patrimoniale des arbres détruits. Dans ces conditions, la démarche d’évitement-réduction-
compensation ne leur est pas spécifiquement appliquée. L’augmentation nette du nombre d’arbres
plantés est par conséquent très modeste, limitée essentiellement à la place de Varsovie (+ 45) au
quai et place Branly (+ 66). Concernant le Champ-de-Mars, le bilan est d’un arbre en moins. De
même que pour l’analyse de l’état initial, le choix des essences devrait être pleinement cohérent
avec les caractéristiques du site. En outre, les aménagements et l’augmentation de la fréquentation
pourraient accroître la pression sur la végétation existante (avec les mêmes risques de piétinement
qu’actuellement).
La contribution de l’Agence régionale de santé souligne également l’attention à apporter au
caractère allergène des nouvelles plantations.
L’Ae recommande de mettre en œuvre une démarche éviter-réduire-compenser spécifique aux
arbres tenant compte des essences et de leur valeur patrimoniale, ainsi que des mesures de gestion
pérennes pour réduire les incidences liées à l’usage du site de ces plantations.

28

Comme démontré en amont, l’affirmation du dossier selon laquelle il n’est pas attendu une
augmentation de la fréquentation sur le site du fait des nouveaux aménagements est erronée et en
contradiction avec les projections sur lesquelles s’appuie le dossier. Par conséquent, l’analyse de
l’augmentation des besoins en eau fait défaut. Sont juste évalués les besoins supplémentaires pour
l’arrosage (6 690 m3 par an) et pour 10 nouvelles fontaines à bouton poussoir (1 750 m3 par an).
Rien n’est précisé concernant les bassins des jardins du Palais de Chaillot. Le dossier indique que
l’arrosage en rive gauche (4 805 m3 par an) est réalisé à partir du réseau non potable (alors que
dans l’état initial, seuls 8 % seraient couverts par de l’eau non potable) et que l’arrosage en rive
droite (1 885 m3) par an serait réalisé à partir du réseau d’eau potable29. Outre une nécessaire mise
en cohérence et vision d’ensemble, ces choix n’apparaissent pas particulièrement vertueux, dans
un contexte de changement climatique. Par ailleurs, l’étude d’impact devrait analyser si le projet est
susceptible de présenter des impacts sur les captages d’alimentation en eau potable à proximité du
site.
29 Le dossier précise à cet endroit que « ce volume est à mettre au regard de la consommation actuelle, sur laquelle nous
ne disposons d’aucune donnée »
Avis délibéré n° 2020-115 du 10 mars 2021
Aménagement du site de la Tour Eiffel sur la commune de Paris (75)
Page 27 sur 30

La gestion des eaux pluviales présente les difficultés les plus importantes, partant d’une situation
initiale totalement artificielle, l’ensemble des eaux rejoignant les réseaux d’assainissement. Selon
le même défaut que pour l’eau potable, le dossier ne prend pas en compte les besoins
d’assainissement supplémentaires liés à la fréquentation du site. En revanche, la gestion des
volumes est conduite de façon détaillée sur chaque secteur, le dossier aboutissant à la conclusion,
sauf sur la place du Trocadéro, que les dispositifs du projet sont dimensionnés pour respecter le
plan Paris Pluie. En particulier, les pelouses techniques comportent une couche drainante ayant
vocation à retenir une partie de l’eau. Le dossier présente ce dispositif comme « optimisant » la
gestion des eaux pluviales. Pour l’Ae, ce dispositif s’apparente plutôt à un sol artificialisé qui va
modifier le fonctionnement hydrologique du site, ce qui conduit à se préoccuper de l’impact du
projet sur les plantations existantes.
Le projet ne prévoit pas de mettre en place de système de recueil et de réutilisation de l’eau de pluie,
essentiellement du fait que les volumes recueillis ne couvriraient que partiellement les besoins et
pour des raisons de coût. Cette conclusion est n’est pas à la hauteur des enjeux identifiés ni de
l’ambition du projet, alors que plusieurs secteurs du projet nécessiteraient l’utilisation d’eau potable
pour l’arrosage.
L’Ae recommande d’évaluer plus finement l’évolution du fonctionnement hydrologique du site, en
particulier pour la végétation plantée existante, et de mettre en place une démarche de récupération
et de réutilisation de l’eau de pluie pour les usages qui ne requièrent pas d’eau potable.

6 Une modification du PLU discutable et Des incidences paysagères avec un manque de prise en compte des intéractions avec les autres sites JO

Avis de l’AE
30
En ce qui concerne la Tour Triangle 2, le dossier produit juste une vue de l’alignement des deux
tours, ce qui apparaît restreint.
L’Ae recommande d’analyser et de discuter l’interaction du projet de Tour Triangle 2 avec le concept
de site unique.
L’Ae rappelle, à l’occasion de ce dossier comme pour tous les dossiers de zones d’aménagement
concerté liés aux JOP, que l’analyse des incidences du projet pendant les JOP devrait être
appréhendée globalement avec celles des autres sites mobilisés pour l’événement.

31
Mise en compatibilité du plan local d’urbanisme
La mise en compatibilité du plan local d’urbanisme de la Ville de Paris est nécessaire pour les raisons
suivantes (les non-conformités ne concernent que le règlement du PLU) :
– des constructions nouvelles et la restructuration de constructions existantes sont prévues dans
des emprises d’espaces boisées classés ;
– des surfaces de plancher relevant de destinations non autorisées sont créées dans le stade Émile
Anthoine, classé en zone UG.
Le dossier saisit cette opportunité pour classer des nouveaux secteurs en espaces boisés classés ou
en zone UV (unités vertes).
Il convient de rappeler en premier lieu que la démonstration du caractère d’intérêt général du projet
est un préalable à cette mise en compatibilité.
Dès lors que la nature des périmètres concernés correspond rarement à la vocation de ces espaces,
dans le PLU en vigueur et parfois dans les règlements proposés dans le PLU modifié, l’analyse
apparaît assez formelle.
Même si les incidences environnementales de cette mise en compatibilité apparaissent dans
l’ensemble assez limitées, on attendrait au moins une explicitation des raisons pour lesquelles les
déclassements proposés ne peuvent pas être évités. C’est notamment le cas des détourages sur les
secteurs Trocadéro, Varsovie et parvis de la Tour, pour lesquels la question de la suppression ou du
déplacement de l’objet « détouré » devrait être au moins discutée.
Par exemple, même si les kiosques des jardins du Trocadéro ont une valeur patrimoniale, leur
maintien ne présente pas de cohérence démontrée avec le site unifié, ce qui pourrait être mis en
balance avec la densification de la trame arborée. De surcroît, ces kiosques ne sont pas dans le
périmètre d’intervention : leur évolution aurait plutôt vocation à être abordée après la phase JOP, en
cohérence avec la deuxième phase d’aménagement du site. Ce raisonnement vaut pour tous les
équipements préexistants et a fortiori pour tous ceux à créer.
L’Ae recommande de faire ressortir plus explicitement les enjeux effectivement concernés par la
mise en compatibilité du PLU et de présenter des solutions de substitution raisonnables pour chacun
des équipements préexistants ou à créer, en justifiant soigneusement leur maintien ou leur
implantation par comparaison avec leur suppression ou leur déplacement sur un site alternatif.

7 Une absence de prise en compte de la Seine

Selon l’AE p16
Dans cette présentation, l’absence d’analyse à un niveau proportionné du grand paysage et du bien
Unesco révèle la non prise en compte de la Seine dans la construction du projet, qui se focalise avant
tout sur l’unité de l’axe central. Cette absence est à peine palliée dans le paragraphe dédié au pont
d’Iéna. Elle est également révélatrice d’une absence de dialogue entre le fleuve et le site,
durablement empêché par la hauteur des quais et la circulation automobile de part et d’autre de
l’axe fluvial.

L’Ae recommande de compléter l’analyse paysagère à l’échelle du bien inscrit à l’Unesco en intégrant
la Seine et une analyse de ses relations avec le site dans son ensemble.

8 Un projet au coût disproportionné au regard des réels besoins du site

Le montant de l’opération atteint aujourd’hui 107 Millions alors que nous le rappelons ce dont a besoin ce site est un entretien de fond, une vision environnementale long terme et une utilisation du bâti environnant pour les besoins nouveaux.

Avis de l’AE p13
Le coût du projet n’est pas indiqué. Un montant de 40 millions d’euros avait été évoqué lors de la
concertation avec le public. Selon les indications données aux rapporteurs lors de l’instruction du
présent avis, 60 millions d’euros environ seraient budgétés, principalement sur les fonds propres
de la Ville de Paris. Un montant indicatif, si possible décliné par secteur, mériterait, pour la complète
information du public, d’être ajouté au dossier qui indique toutefois que le coût des mesures
environnementales, y compris les aménagements paysagers et les plantations, est d’environ
7,5 millions d’€ HT.

De même Avis AE

26
Ces aménagements sont très modestes par rapport au périmètre d’intervention. En outre, cette
présentation plus qu’avantageuse nécessite d’être fortement nuancée : comme analysé dans la
partie § 1.2.2 du présent avis, une grande partie des nouveaux espaces verts sont en réalité des
pelouses techniques du tapis vert qui contribueront peu à la résilience du site vis-à-vis du
changement climatique. Le ratio ne prend en compte que le périmètre d’intervention, alors que le
périmètre du projet comporte des surfaces végétalisés significativement plus importantes. Même en
prenant en compte la surface de 1,7 ha, celle-ci ne représente que 6 % du périmètre d’intervention
de 26 ha. Les autres mesures ne reprennent que le minimum réglementaire (préservation des zones
inondables) ; la gestion des eaux pluviales va au-delà du plan Paris Pluie (les dispositifs de recueil
des eaux pluviales sont dimensionnés parfois largement par rapport aux occurrences de pluie
prévues par le plan) mais n’est pas conforme à la réglementation sur la place du Trocadéro.

Par ailleurs, le projet ne prévoit pour l’instant aucune production d’énergie renouvelable. L’absence
d’évaluation des émissions de gaz à effet de serre conduit à l’absence de mesure d’évitement, de
réduction de ces émissions et des consommations énergétiques. A fortiori, l’étude d’impact ne
démontre pas de quelle façon le projet respecte les objectifs des Plans climat applicables – à
l’exception possible de la reconquête de la qualité de l’air – et sa contribution à la trajectoire vers
la neutralité carbone à l’horizon 2050. Le dossier présente pourtant la trajectoire à l’horizon 2030
(« Vision 2020-2030 ») du Plan climat de la Ville de Paris, avec des objectifs quantifiés en termes de
réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’empreinte carbone, de consommations
énergétiques et de production d’énergie renouvelable.

L’Ae recommande de conduire une analyse complète des émissions de gaz à effet de serre et des
consommations énergétiques dues au projet et de prévoir une ambition et des mesures en
cohérence avec les Plans climat de la Ville de Paris et de la Métropole du Grand Paris.

 

 

Christine Nedelec
Présidente de FNE Paris

Fait à Paris le 17 novembre 2021

 

Nous sommes aussi en complet accord avec les propositions de nos Amis du Champ de Mars

 

 

Un moratoire
s’impose
grand site Champ-de-Mars / tour Eiffel / Trocadéro

 

 

Pourquoi dépenser un budget pharaonique (110 millions €) alors que :

– Le projet « One1 » suscite un rare consensus contre lui : associations, conseils de quartier, commerçants, élus directement concernés, public ayant participé à l’enquête.

– Il crée très peu de végétalisation nouvelle dans la zone de Paris qui en manque le moins (1,7 hectare selon la Mairie de Paris, sans doute moins en réalité). N’y a-t-il pas d’autres lieux et d’autres arrondissements qu’on devrait considérer comme prioritaires en la matière ?

– Paradoxalement, il renforce et pérennise une diminution de fait des espaces verts accessibles aux Parisiens dans ce site (-35 % sur le Champ-de-Mars, soit -20 % du grand site). Tout l’environnement de la tour Eiffel (outrepassant largement les exigences de sécurité) est fermé aux promeneurs parisiens qui pourtant aiment beaucoup cet endroit mythique. Il est même prévu d’y construire quatre immeubles (de 1 à 2 niveaux) et divers édicules commerciaux. La pelouse centrale du Champ-de-Mars serait réduite d’un tiers. Une noria événementielle devrait se poursuivre plateau Joffre et s’étendre aussi place du Trocadéro, aménagée, semble-t-il, dans cette perspective.

– L’élément le plus prestigieux du projet One1 était, croyait-on, la création d’une forêt en culture hors-sol sur le pont d’Iéna. Ce volet est abandonné, car il s’avère un contresens écologique. En outre, la plantation de 160 baliveaux, ici et là, alors qu’on abat 40 grands arbres adultes, l’implantation de talus d’orties et la bétonisation de nombreuses allées peinent à donner une coloration écologique.

– Il insécurise les promeneurs aux heures creuses. En effet, la plupart des grands jardins publics sont gérés avec des grilles et des horaires. Le site, conçu en continuité avec la ville, est sécurisé de façon informelle par ses rues traversantes au trafic modéré. Priver les piétons de cette sécurisation induite, constituer un bloc compact de 54 hectares et reporter le problème ex post sur la police est une erreur de compréhension au détriment des promeneurs.

– Il isole les arrondissements extérieurs et expose les riverains à une ceinture de bouchons. Rappelons qu’à la création du Champ-de-Mars, au début du xxe siècle, les élus (socialistes) du 15e arrondissement ont exigé à bon escient qu’on ne crée pas une barrière verte isolant leurs quartiers populaires des arrondissements centraux.

– La dimension patrimoniale est à peu près absente du projet, alors que beaucoup d’éléments anciens sont dégradés. Il s’agit pourtant du plus bel ensemble Belle Époque de la capitale et d’un des pôles majeurs du site Unesco des Rives de Seine. La paysagiste conceptrice de One1, multipliant approximations et erreurs historiques, a surtout projeté sur ces lieux des clichés contemporains. Il faut au contraire réintroduire dans le projet une vraie réflexion patrimoniale.

– Les investissements prématurés seront ravagés par les Jeux olympiques.

Pourquoi se priver d’une réflexion et d’une concertation sérieuses ?

– L’enquête publique actuelle repose sur des informations manifestement fallacieuses (annonce réitérée d’une augmentation de 40 % des jardins, diffusion de vidéos irréalistes, refus de la mairie d’examiner les chiffres des associations).

– En instrumentalisant l’urgence des Jeux olympiques alors qu’il est question d’un aménagement de long terme et que les équipements sportifs provisoires concernés par les JOP sont déclarés « non connus » à ce jour, dans les documents fournis au public. Pire, des retards dans les travaux de réaménagement envisagés pourraient gêner les installations temporaires des JOP qui ne pourront être mises en place qu’après. Or, on enregistre déjà au moins un trimestre de retard.

L’urgence, c’est tout simplement :

– De décider un moratoire jusqu’aux Jeux olympiques.

– D’entretenir correctement les jardins et de rendre aux Parisiens les espaces verts dont on les prive pour de mauvaises raisons.