Dans Paris, en limite d’Ivry et au bord du périphérique, deux nouvelles tours massives, déhanchées et un peu inclinées, de 120 et 180 m de haut, se sont récemment imposées dans la Skyline de l’est parisien au bout de l’avenue de France : les tours Duo.

Les Tours Duo, c’est deux de trop !

Dessinées comme un énième “signal” entre Paris et la banlieue – au dire même de leur architecte, Jean Nouvel – elles accueilleront un programme bien symbolique de notre époque : le siège de la banque Natixis (6000 employés) et un hôtel 5 étoiles.

Mais cette supposée valeur de ‘’signal’’ ne sera que temporaire, car ce Duo ne sera bientôt plus seul ! En effet, la Ville de Paris et la SEMAPA projettent de nouvelles tours pour ce secteur du 13e arrondissement. Ces projets échappent au contrôle démocratique et à celui du Conseil de Paris ; de plus ils s’élaborent en dehors de toute vision urbaine globale dans et hors de Paris.

Le site de la Seine : un patrimoine mondial en péril !

Des sites historiques patrimoniaux parisiens protégés – celui des berges de Seine, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, mais aussi de grandes perspectives depuis Montmartre ou le Panthéon par exemple – sont déjà irrémédiablement impactés par ce ‘’Duo’’ et cela sera bien pire avec d’autres tours.

Bruneseau/Seine ou Dubaï/Seine ?

Les permis de construire de deux nouvelles tours, l’une de 100 m de haut face à la Seine et l’autre de 180 m proche des tours Duo, sont en cours d’instruction auprès des services de la Ville. Celles-ci feront partie d’un ensemble de 8 bâtiments, ‘’Bruneseau/Seine’’, choisi à l’issue d’un discret dialogue compétitif (2017-2019) entre 4 équipes d’investisseurs avec leurs architectes, pour l’aménagement du site inhospitalier de l’échangeur récemment reconfiguré du bd Périphérique porte d’Ivry.

Ce nouveau quartier s’installe en face du plus grand incinérateur de France qui envoie ses fumées, certains jours directement vers les tours et leurs prises d’air de ventilation en terrasse, soumettant les usagers des tours à une exposition directe à de multiples polluants, dioxines, métaux lourds, etc.

Au lieu d’apaiser les lieux et de conserver intact le couloir de rafraîchissement et de ventilation que constituent pour Paris et les communes voisines le fleuve et ses berges, le projet retenu prévoit la construction de 90 000 m² de surface de planchers (25 000 m² de bureaux, 50 000 m² de logements de luxe dans le secteur libre et 20 000 m² de commerces et d’activités) !

Urbanisme bioclimatique ou retour en pire d’un urbanisme brutal et arrogant que l’on croyait révolu ?

Autant le dire franchement, à l’heure du changement climatique et de l’élaboration d’un PLU dit bioclimatique, ce projet coche toutes les mauvaises cases :

Constructions aux abords du Bd périphérique, site parisien des plus pollués et en face du plus grand incinérateur de France ; absence d’espaces verts en pleine terre si ce n’est les sempiternelles terrasses arborées; pollution sonore permanente des seuls espaces publics situés en sous-face du périphérique ; effet venturi bien connu au pied des immeubles de très grande hauteur ; très mauvais bilan énergétique des tours au regard des règles de sobriété énergétique qui doivent désormais prévaloir ; ombres portées des tours sur les constructions alentours (dont la cour d’école du futur quartier) ; déficit dramatique de desserte par les transports en commun pour les milliers de personnes attendues (le prolongement de la ligne 10 du Métro n’est pas encore financé à ce jour !) ; excavation de milliers de m3 de terres remplacées par des fondations colossales en béton nécessaires aux tours dans la zone du PPRI (secteur inondable).

Il est grand temps de penser Paris avec les villes voisines !

Ce même urbanisme daté a prévalu pour les 80 ha du futur quartier Bercy-Charenton de l’autre côté de la Seine, ou pour son miroir de 15 ha ‘Charenton Bercy’ à Charenton le Pont où Bouygues Immobilier prévoit la construction d’une tour de 60 étages, 190m de haut. Ces projets, sont réexaminés, nous dit-on. Ceux de Bruneseau, sud et nord, devraient l’être tout autant. A l’heure de la métropole du Grand Paris, la priorité devrait être, tant pour les portes de Paris que pour la Confluence Seine/Marne, de penser de façon solidaire et coordonnée les centaines d’hectares en cours de transformation le long de la Seine avec des projets urbains écologiques bien desservis par des transports en commun efficaces.

Les habitants demandent tout simplement

une ville vivable, respirable, habitable et désirable.

Premiers signataires :

Associations

FNE Paris, La SPAV, AUT, SOS Paris, SPPEF (sites et monuments), Pacte pour la Transition, ASA PNE, Monts 14 Riverains Messageries, Vivre le Marais, Retrouvons le Nord de la Gare du Nord, AQSVP Association quartier Saint Vincent de Paul, Les inCOPruptibles,  Netter Debergue, ADA 1, Respiration Paris 15, Collectif Alfred Bruneau ; Collectif 10 rue Muller ; Association des riverains du 42/50 rue de Picpus ; Les Amis du Champ de Mars ; Sauvons La  Rochefoucauld ; Les Amis de la Donation George Eastman ; Le Tunnel des Artisans du 12ème ;  Citoyens-Citoyennes du 14e; Stendhal Vert, URBANICC ( Ivry) ; La Cour Cyclette ( Ivry) ; Val de Marne Environnement ; Collectif 3R ( contre l’incinérateur d’Ivry)

Personnalités

Esther Benbassa, sénatrice écologiste de Paris, Secrétaire du Bureau du Sénat, Membre de la Commission des Lois ; Anne Souyris, adjointe à la mairie de Paris chargée de la santé publique, environnementale, des relations à l’AP-HP et de la lutte contre les pollutions; Emmanuel Bellanger, historien ; Frederic Bonnet (grand prix l’urbanisme 2014); Patrick Bouchain (grand prix l’urbanisme 2019); Daniel Breuiller,  maire honoraire d’Arcueil, ancien Vice-Président  de la MGP; Michel Cantal Dupart, architecte urbaniste; Xavier Capodano, libraire -Le genre urbain- ;   Yves Contassot, ancien adjoint au Maire de Paris, Conseiller du 13ème et de la MGP;  Jean Pierre Charbonneau, urbaniste consultant; Mathieu Flonneau, professeur d’Université ; Francoise Fromonot, architecte, critique d’architecture; Albert Levy, architecte chercheur associé CNRS ;  François Loyer, historien du patrimoine; Pierre Mansat, militant du Droit à la Ville ; Béatrice Mariolle et Antoine Bres, architectes ;  Jean Pierre Merlot, urbaniste; Thierry Pacquot, philosophe; Philippe Pannerai (grand prix l’urbanisme 1999); Simon Ronai, géographe urbaniste; Gwenaël Querrien, critique d’architecture ; Nathan Starkman, (grand prix de l’urbanisme 1999) ; les élus du Groupe Ecologiste de Paris 13e, Wilfried Betourné, Marie Atallah, Alexandre florentin (Conseiller de Paris), Morgane Lacombe, Louis Leroy-Warnier, du 11e Joëlle Morel ;

 

Voir photo article du Parisien

https://www.leparisien.fr/paris-75/une-ou-six-tours-en-projet-la-mini-defense-de-lest-parisien-risque-de-diviser-la-majorite-11-10-2021-3FEXWZKCEJEBPGPEY3BDBZKCGI.php