Communiqué de presse des associations FNE Paris, FNE Ile de France et Amis de la Terre Paris
Projets Mille Arbres & Multi-strate : Annulation des permis pour atteinte à la salubrité publique
Faisant suite à l’avis du rapporteur public du 18 juin dernier, le Tribunal Administratif se prononce ce vendredi 2 juillet en faveur du recours déposé par les Amis de la Terre (AT) Paris, France Nature Environnement (FNE) Paris et France Nature Ile de France, contre le permis de construire du projet “Milles Arbres” ainsi que celui de son voisin “Ville Multistrate”, dont la décision était en délibéré depuis plus d’un mois.
Nos associations sont engagées depuis 2019 contre ces opérations visant à couvrir littéralement le périphérique de deux vastes et denses nouveaux ensembles immobiliers. Vendus comme des “ponts entre Paris et sa banlieue” ou encore comme “un laboratoire de la biodiversité et la nature en Ville”, ces projets, stars du concours “Réinventer Paris”, sont enfin jugés comme étant ce que nous ne cessons de dénoncer : des caricatures de greenwashing qui spéculent avec cynisme sur la vie et la santé des Parisiennes et Parisiens.
De tous les moyens judiciaires engagés par les différents opposants à ces projets, seul l’argument d’atteinte à la salubrité publique défendu par les associations environnementales a été retenu par le Tribunal Administratif.
Déjà lors de l’enquête publique, en 2018, l’Autorité environnementale avait signalé, en vain, que des “murs végétalisés” et autres plantations en jardinières ne suffiraient pas à préserver les habitants et usagers des taux particulièrement élevés sur ce site en benzène, dioxyde d’azote et particules fines. Pourtant, ni les promoteurs, ni la Ville de Paris, n’avaient pris en compte ces graves avertissements.
Le Tribunal reconnaît que cet aveuglement constitue une faute qu’il sanctionne lourdement comme en atteste l’extrait ci-dessous de la décision rendue ce matin :
Par cette décision, le Tribunal Administratif amorce un tournant historique dans l’histoire de la lutte contre la pollution de l’air.
C’est en effet la première fois que la justice reconnaît que, oui, la Ville de Paris a commis une faute en délivrant un permis pour la construction d’un immeuble condamnant encore davantage de personnes à vivre exposées à des niveaux inacceptables de pollution de l’air.
Pour FNE Paris, FNE IDF, les Amis de la Terre Paris et l’ensemble des associations luttant pour une meilleure qualité de l’air à Paris, c’est une grande victoire.
C’est aussi l’occasion d’affirmer avec force la nécessité de mettre un terme à l’hypocrisie consistant à dénoncer les méfaits de la pollution de l’air tout en continuant à y exposer toujours davantage de monde.
Lors de l’audience, l’avocat de la Ville de Paris a résumé toute la duplicité du système actuel en enjoignant le Tribunal Administratif à être “Juge de l’Urbanisme, pas la police de l’environnement”. “Au contraire, nous demandons à la mairie de Paris de la cohérence. Il n’est pas acceptable de prétendre lutter contre les méfaits de la pollution de l’air et, en même temps, favoriser de tels projets qui condamnent des familles à vivre en surplomb de la principale source de pollution de l’agglomération” déclare Benoît Derouet, le président des Amis de la Terre Paris.