Au prochain conseil de Paris du 6 au 9 juillet, deux délibérations relatives à des projets « sportifs » et commerciaux sur l’emprise :
- Des Serres d’Auteuil, au profit de la FFT (DJS 107),
- Des jardins du Trocadéro (SG 28)
doivent être soumises.
1/ S’agissant du projet Trocadéro 2021, il vise à accueillir une Fan Zone en lien avec les JO de Tokyo puis diverses manifestations commerciales, de juillet à mi-septembre, sur un stade « éphémère » à implanter au droit des bassins et fontaines qui font partie intégrante des jardins du Trocadéro.
Les visuels du projet donnent une idée du massacre.
Rappelons que le site est :
- Classé au titre de la loi de 1930,
- Notamment situé dans le champ de visibilité du Palais de Chaillot classé au titre des Monuments Historiques,
- Situé dans le secteur « Paris Rives de Seine » inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
- et que les bassins et fontaines sont entourés, de part et d’autre par des espaces verts, déjà en piteux état, classé en Espaces Boisés Classés au PLU de Paris.
Ces manifestations, au-delà du fait qu’elles conduiront à supprimer, via la couverture des fontaines et bassins, tout espace de fraicheur en pleine période estivale, conduiront immanquablement à dégrader fortement les jardins attenants, au même titre que, par le passé, les jardins du Champs de Mars. Il est important de relever que la réhabilitation de ces jardins, contrairement à ceux du Champ de Mars, n’est pas au programme du projet Tour Eiffel prévu dans la perspective des JO 2024.
Il s’agit néanmoins ici d’une préfiguration du projet « Tour Eiffel » qui prévoit bien, à terme, de reporter les activités événementielles dans ce secteur. Or ce projet a fait l’objet d’un avis très sévère de l’Autorité environnementale qui a considéré que « Le contenu du projet est incomplet : l’étude d’impact devrait porter sur toutes les phases du projet (avant les Jeux olympiques et paralympiques, pendant la période des Jeux et après celle-ci, de 2024 à 2030) et prendre en compte l’exploitation future du site, incluant les manifestations sportives et festives » et relevé que « le fait de ne pas aborder le projet dans sa globalité ne permet pas d’expliciter certains choix pourtant essentiels, et tout particulièrement celui relatif aux usages futurs du site et à sa fréquentation. Ce sont pourtant des questionnements majeurs issus des concertations préalables ».
Le vote en Conseil d’arrondissement a été heureusement défavorable.
2/ S’agissant du projet des « Serres d’Auteuil », il vise à « animer » la partie Sud des jardins, en permettant à la FFT :
- D’organiser toute l’année (et non plus seulement pendant les périodes de tournoi) des activités n’ayant pas de caractère sportif
- D’autoriser des activités « événementielles » (seuls étaient auparavant visés les séminaires), commerciales (restauration) et « culturelles » (Paris Design Week, …) dans les bâtiments de l’Orangerie et des fleuristes (mais l’avenant à la concession ne vise pas spécifiquement ces bâtiments de sorte que les événements peuvent être accueillis dans l’ensemble des emprises concédées),
- De réaliser des travaux sur le bâtiment de l’Orangerie (voir fiche technique) de manière à permettre son classement en ERP (et l’accueil du public lié aux activités de restauration)
- De réaliser (une AOT, non soumise au Conseil de Paris serait en réalité confiée à Paris Society) deux terrasses d’environ 400 m² (situées en dehors de l’emprise de la concession sauf en période de tournoi) au droit du bâtiment de l’Orangerie du 15 avril au 30 septembre « a minima » précise l’exposé des motifs,
- De réaliser un système de clôtures amovibles permettant d’exploiter les restaurant le soir, après la fermeture du jardin à 20h.
Nous sommes là encore sur un site classé au titre de la loi de 1930 (celui du Bois de Boulogne), les bâtiments des Fleuristes et de l’Orangerie étant eux-mêmes inscrits aux Monuments Historique.
Il s’agit d’une nouvelle étape dans l’extension continue de Roland Garros et dans la diversification des activités de la FFT qui s’est répandue dans la presse sur sa situation financière délicate liée notamment, au-delà de la crise sanitaire, à une forte baisse – sans doute pérenne – du nombre de ses adhérents.
L’histoire se répète en outre sans fin puisque la totalité des fédérations ou associations sportives du 16ème Sud (FFT sur Roland Garros, France Galop sur les hippodromes, Stade Français sur Jean Bouin), après avoir obtenu une prolongation de leurs concessions au motif de travaux dispendieux (surélévation/couverture des courts de Roland Garros outre l’annexion du stade Hébert et l’extension sur les Serres d’Auteuil), reconstruction du stade Jean-Bouin, nouvelles tribunes sur les hippodromes) ont toutes sollicité, quelques années après, l’autorisation d’y développer des activités commerciales et événementielles.
Dans le même temps, les associations et scolaire sont cantonnés sur des équipements de plus en plus réduits, de plus en plus vétustes ou inaccessibles (espaces centraux de l’hippodrome d’Auteuil).
Il est au demeurant invraisemblable, alors que ces équipements sportifs sont totalement sous-utilisés, d’aller créer des stades éphémères dans les jardins du Trocadero ou ailleurs.
Le vote en Conseil d’arrondissement a été favorable à l’unanimité à cette nouvelle concession du Jardin des Serres d’Auteuil en appelant à être “très vigilants” ! De qui se moque-t-on ?