FNE Paris salue le jugement du Tribunal Administratif de Paris annulant le permis de construire de Paris Habitat, un projet de surdensification d’un petit ilot très arboré du 16e arrondissement.

S’appuyant sur la nécessaire modernisation d’un vieux groupe scolaire, maternelle et primaire, 400 élèves occupant l’ilot, le programme prévoyait de tout démolir et d’abattre  32 beaux arbres pour en replanter 18 pour édifier à l’alignement des rues un ensemble de bâtiments de 55 logements de 11 à 31 m de haut enclavant la cour de l’école qui perdait a l’occasion la moitié de sa surface et son soleil !

Le projet a provoqué un tollé des habitants et riverains du quartier, certaines associations ont décidé d’attaquer le permis. Leur combat a été soutenu par de nombreuses associations parisiennes car il exprimait ce qu’elles avaient à combattre chacune dans leurs quartiers (Ecole Cité Doré, 42 Picpus, Ilot Navarre, Projet Netter-Debergue, 110 rue Abbé Groult, Destination 15…).

L’avis du tribunal est clair, ce projet porte atteinte à des espaces verts protégés. S’appuyant sur l’impact paysagé très fort du projet dans le contexte local,  il a condamné sa trop forte densité en faisant valoir le non respects de certains articles du PLU dont l’article 11.

Vue du projetEcole Erlanger (@Atela Architectes)

Cette décision est majeure dans le contexte du lancement de la révision du PLU par le Conseil De Paris de décembre 2020. Elle valide le bien-fondé de la vision des associations parisiennes concernant les conséquences cumulées de l’abandon des cos et des modifications successives du PLU depuis 2007, surtout celle de 2016, dont l’application a pour effet de surdensifier une ville déjà connue pour être la plus dense d’Europe.  

Le PLU actuel en période de  fortes tensions sur l’immobilier parisien étouffe la ville et s’il n’est pas modifié sur cet aspect primordial, porte et portera  atteinte à la santé de ses habitants.

De 2014 à 2018, les délivrances de permis ont augmentées de plus de 50% par rapport à la période 2004-2009.  818.000 m2 de planchers ont été autorisés chaque année entre 2014 et 2018, selon le site gouvernemental Sitadel, soit plus de 6 millions de m2 sur la dernière mandature. Comme le foncier est rare, le processus qui a été engagé est celui d’une surdensification de la ville sur elle-même. Rappelons le déficit de Paris en espace vert par habitants qui s’accroit, 5,6m2/ hab en moyenne (0,91 pour le 11e arrondissement), très loin des 10 m2 recommandée par l’OMS pour la santé des citadins.

Il faut changer de cap !

Si la municipalité souhaite adopter un PLU bioclimatique, un règlement permettant  d’atténuer les effets du réchauffement climatique et d’y adapter progressivement Paris, c’est-à-dire aérer ses tissus, elle doit commencer par tirer objectivement le bilan des conséquences du règlement actuel sur l’évolution de la ville depuis 10 ans.

La barre de tours de 50 m édifiée à l’ouest de la ZAC Batignolles ne peut constituer le modèle du Paris résilient de 2030, pas plus que les projets de mini Défense Bruneseau du 13e, de Picpus (90.000 hab/km2 soit 2 fois la densité des quartiers les plus denses de Shanghai)  ou le projet de Paris Habitat d’enclavement de l’école sur l’Ilot Erlanger !

 


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Voir la fiche de site FNE Paris Fiche de site Ecole Erlanger-2021-01-14

Extraits

Impacts sur la végétation :

Abattage de 32 arbres, les arbres centenaires des cours d’école, les espaces verts actuels en pleine terre étant censés être « compensés » par des toitures végétalisées. Replantation de 18 arbres.

Impact sur le paysage :

La maternelle Erlanger, aux trois bâtiments en rez-de-jardin entourés d’arbres offre aujourd’hui, avec ses grandes cours d’école plantées une respiration arborée appréciable dans un tissu urbain dense du 16ème arrondissement. Les bâtiments R+8 projetés à l’alignement sur rue referment à peu près totalement l’espace.

Impacts sur la qualité de vie :

Bref comme plusieurs projets actuels trop denses, emprise au sol des bâtiments trop importante réduisant la pleine terre a une portion congrue de la surface du terrain…Le projet est contesté par les associations locales : trop dense, une école enclavée dont la cour sera surplombée par les nouveaux bâtiments doit être protégée par un grillage comme les prisons !

150 élèves de maternelle ont actuellement 1000m2 de cour de récréation ombragée : Demain , 450 élèves se partageront 500m2 bétonnés et grillagés ….

 

Conclusion :

La Ville de Paris construit un ensemble imbriqué qui illustre la politique de valorisation foncière à l’œuvre et ses conséquences en terme d’hyper densification permise par le PLU modifié en 2016 dont les dispositions permettent réduire les espaces libres à la portion congrue pour les constructions publiques ou d’intérêt collectif.

Encore un projet qui va concourir à amplifier les effets du réchauffement climatique au lieu d’en protéger nos enfants

 

 

Associations : 3E (Ecole Erlanger Environnement) APQE (Protection Quartier Erlanger)