Voici la contribution que FNE Paris a déposé sur le site https://idee.paris.fr/ à la consultation organisée par la Ville de Paris, PLU : Quel Paris en 2030 ? Nous avons laissé de côté la question majeure de la santé environnementale que nous traiterons dans une autre contribution.

Contribution FNE Paris du 13 octobre 2020 à la consultation PLU : Quel Paris en 2030 ?

La Ville de Paris a souhaité, en amont de la prescription de la révision du PLU, consulter les Parisiens au travers d’une Conférence citoyenne réunissant un panel de 100 personnes pour orienter les objectifs de cette révision. Cette étape de consultation préalable a été ouverte à l’ensemble des acteurs concernés par l’urbanisme et l’aménagement de la Ville. FNE Paris a été identifié comme tel et sollicité par la municipalité ; nous nous en félicitons et apportons cette première contribution.

 

Nos constats :

  • Paris est la capitale la plus dense d’Europe: avec plus de 200 habitants à l’hectare et une densité humaine (habitants+ emplois) de 380
  • Paris est aussi une des capitales les moins vertes : avec moins de 15 m2 d’espace vert par habitant en incluant les bois de Vincennes et Boulogne (moins de 6 m2 sans les inclure)
  • Paris est une ville qui se densifie chaque jour davantage : nous ne connaissons aucune opération immobilière significative où la densité ne s’accroisse, les espaces libres et de pleine terre ne diminuent ; des arbres de haute tige y sont fréquemment abattus.
  • Les Parisiennes et les Parisiens peinent à se loger et la création de nouvelles surfaces de bureaux est plus forte que celle des logements ; les résidences secondaires et les locations de courte durée se développent.
  • Le PLU est un outil majeur qui permet dapporter certaines réponses à des questions de biodiversité, durbanisme et de logement, par exemple, mais il ne peut le faire à lui seul ; la mise en œuvre effective par la Ville dautres démarches, outils, incitations est nécessaire. En particulier, le Plan Climat, le Plan Biodiversité, le Plan de Santé Environnementale, le Programme Local de lHabitat doivent, au-delà des mots, être réellement appliqués et mis en cohérence. Les Parisiennes et Parisiens doivent être largement informés de leur avancement.
  • Le PLU de Paris se situe dans un cadre géographique et un champ de compétences qui ne permettent pas d’aborder avec toute la pertinence voulue nombre de problématiques qui se posent à une échelle plus vaste. Des articulations avec d’autres acteurs, Métropole, Région, Etat et les démarches urbaines et environnementales qu’ils mènent sont donc indispensables. Nous souhaitons savoir comment la Ville de Paris envisage ces actions partenariales.
  • Le PLU de 2006 a fait lobjet de près de 50 modifications dont nombre dentre elles sont des adaptations liées à un projet de construction ou daménagement particulier. Si c’est la règle qui suit les projets et non les projets qui suivent la règle, le PLU perd beaucoup de sa force ; en particulier, nous considérons que les appels à projets « Réinventer» n’ont pas fait l’objet de concertation avec les populations riveraines et ont échappés aux règles du contrôle politique.

 

Nos demandes :

Il apparait que la procédure de révision du PLU sera longue et ne pourra aboutir avant fin 2023, aussi, afin de rendre rapidement opérationnelles les OAP Climat, nous estimons nécessaire dentreprendre parallèlement une modification simple du PLU.

Nous sommes très favorables à une modification rapide de certains articles du PLU au regard du temps long de la procédure de révision. Mais nous resterons très vigilants à ne pas laisser, à nouveau, des projets urbains dérogatoires se glisser dans cette simple modification anticipée.

En cohérence avec les OAP Climat, nous souhaitons qu’un certain nombre de changements limités, mais urgents, de l’actuel PLU soient intégrés afin de mieux préserver la place de la nature et de lutter contre la surdensification que nous observons sur de nombreuses opérations ; nous ferons, le moment venu, des propositions réalistes et précises à ce propos.

Nous souhaitons que plusieurs grandes opérations d’urbanisme soient, sans attendre, sérieusement réorientées. Voir notre carte jointe qui indique un certain nombre d’opérations à revoir. (Note et carte du Monopoly urbain).

 

Les grands enjeux pour Paris 2030

La Ville de Paris a suggéré que la Conférence citoyenne traite des cinq grands enjeux suivants :

  • Un environnement plus favorable à la santé (végétation, densité …) et une ville plus résiliente ;
  • Paris, ville solidaire au sein de la métropole ;
  • Patrimoine y compris patrimoine naturel, paysage et biodiversité ;
  • Economie circulaire du bâti et des services urbains ;
  • Développement économique durable.

Ces enjeux nous semblent effectivement devoir être au cœur des futurs PADD et PLU mais celui de la densité urbaine est d’une telle importance qu’il mérite d’être un thème de réflexion à part entière.

En outre, un septième enjeu nous semble impératif, celui de la démocratie locale pendant et après le processus de révision : Une politique urbaine doit être expliquée et partagée. 

Pourquoi les Parisiennes et les Parisiens sont-ils si inquiets voire hostiles face à tout projet nouveau dans leur quartier ? Pourquoi sont-ils stupéfaits lorsqu’ils découvrent, mais un peu tard, ce que le PLU permet de construire en face de chez eux ? Le PLU est un document technique, abstrait et difficile d’accès ; il doit être simplifié, expliqué, illustré de façon compréhensible par le public ; de même, la démarche de révision doit-elle être comprise et suivie par tous.

 

Le PLU révisé doit, à nos yeux, se donner des objectifs très ambitieux dans trois domaines :

 

  • Renforcer la place de la nature, favoriser la biodiversité :
  • La nature doit être considérée un bien commun / patrimoine des Parisiens même lorsqu’elle est située dans des espaces privés ;
  • Le plein sol doit être sanctuarisé; il est constitutif de la possibilité de développement d’une végétation riche et d’habitat pour diverses espèces animales (on sait que certaines se raréfient du fait de la dégradation de leur habitat).

La végétation existante doit être protégée en tant que telle.

Cela suppose de revoir entièrement les dispositions de lactuel PLU notamment la notion dEspaces verts protégés et leur recensement. Le PLU parle surtout de surfaces de terre de différentes profondeurs et prévoit que des arbres puissent être « remplacés », ce qui est à l’opposé de la protection : un arbre trentenaire n’est pas « remplaçable ». Les arbres sont un élément de valorisation d’une parcelle, pas un obstacle à la construction ; certains d’entre eux ne pourraient-ils faire l’objet de « classement » à l’instar d’autres éléments de patrimoine, monuments ou œuvres d’art ?

Nous sommes, par ailleurs, très circonspects vis-à-vis de la notion de « végétalisation » qui, trop souvent, a consisté à mettre une couche de vert sur des espaces qu’on a laissé devenir excessivement minéraux.

Enfin, la Ville doit engager une politique ambitieuse de créations de nouveaux espaces verts à moyen/long terme en se constituant, pour ce faire, des réserves foncières si nécessaire.

 

  • Modérer la densité urbaine, voire dédensifier :

Les projets récents présentent une densité très forte qui nest plus admise par les Parisiens. Le nouveau PLU doit trouver les dispositifs (espaces libres, hauteur des constructions, prospects ou autres) permettant, après diverses évolutions du PLU et l’abandon des COS en 2014 du fait de la loi ALUR, de diminuer la densité des nouveaux projets.

Les constructions nouvelles doivent également mieux s’inscrire dans le paysage urbain existant dans les différents quartiers de Paris.

 

  • Faciliter l’accès au logement :

La question est complexe et le slogan « logement pour tous », trompeur ; les ménages les plus modestes peinent à se loger à Paris, en raison des insuffisances du logement social et très social (multiplication des sans-abris).

Mais les classes moyennes voire moyennes-supérieures quittent Paris dès lors qu’il s’agit de familles avec enfants, en raison des loyers excessifs, des prix d’acquisition dépassant les 10 000 €/m2

L’augmentation de l’offre par densification n’a pas d’effet sur les prix et ne conduit qu’à dégrader l’environnement.

Dautres moyens et dautres équilibres entre destinations doivent être recherchés, plus favorables aux logements et moins aux bureaux. La progression des résidences secondaires et la location de courte durée doit être ralentie.

 

Parallèlement, les travaux de révision du PLU doivent s’inscrire dans la recherche :

  • D’une meilleure santé environnementale avec la lutte contre les îlots de chaleur, le bruit et la pollution tout en contribuant à la limitation des émissions de gaz à effet de serre ;
  • D’une mobilité apaisée avec la réduction de la place de la voiture et une plus grande facilitation des modes de déplacement actifs, marche et vélo.

 

 

Au-delà de ces premiers éléments, FNE Paris peut et souhaite apporter, dans la durée, sa contribution aux réflexions conduites dans le cadre de la révision du PLU, notamment à loccasion de la réalisation du diagnostic territorial, de l’élaboration du PADD et du projet de PLU.

FNE Paris participera également, bien entendu, aux concertations et enquêtes publiques réglementaires ou non.

 

 

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Contact

contact@fne-paris.fr

 

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Halte au Monopoly urbain à Paris

Voir nos fiches de sites sur https://fne-paris.fr

La carte « Halte au Monopoly urbain »  et la vingtaine de fiches auxquelles elle renvoie illustrent ces pratiques que nous dénonçons. Il n’y a, bien entendu, aucune prétention d’exhaustivité et bien d’autres cas auraient pu être -et seront peut-être ultérieurement – mis en avant.

Nos critiques concernant l’urbanisme parisien portent à la fois sur la façon dont la Ville de Paris conduit ses projets urbains et immobiliers et sur les projets immobiliers eux-mêmes que le grand laxisme du règlement d’urbanisme de Paris rend malheureusement trop souvent possibles.

Dans les Zones d’aménagement concerté (ZAC), la Ville recherche une densification maximale et réduit les espaces verts de pleine terre à la portion congrue, alors que la grande ampleur des emprises concernées permettrait de réaliser des espaces verts publics compensant l’érosion des espaces libres privés que favorise l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU).

La pratique, par la Ville de Paris, des Appels à projets urbains innovants (APUI) – les consultations Réinventer- est devenue une manière de déléguer voire d’abandonner à des acteurs privés (parmi lesquels un petit nombre de banques, promoteurs et investisseurs privés se partagent la commande publique) l’aménagement de morceaux de ville entiers (Masséna -Bruneseau, Bercy-Charenton). Ce laisser-faire est également à l’œuvre dans le quartier Montparnasse, zone hyperdense au bord de la thrombose urbaine, par manque de volonté et absence de mise en place d’outils efficaces de planification urbaine et de maîtrise foncière ; la soi-disant « forêt urbaine » ne cachera pas la surdensification de ce quartier ni l’absence de schéma de déplacement efficace et coordonné entre acteurs publics.

D’autres grands projets comme l’aménagement de la gare du Nord, de l’ile de La Cité ou ce qui sera réalisé dans le cadre des Jeux Olympiques suscitent les plus grandes réserves de notre part.

Le PLU voit ses plafonds de hauteur réglementaires monter toujours plus haut (180 m aujourd’hui) malgré la réticence aux tours maintes fois exprimée par les Parisiennes et les Parisiens. L’abandon du Coefficient d’occupation des sols (COS) et de son plafonnement ouvre le champ à la densification de Paris.

Dans ce contexte, les espaces verts privés (dont les 600 ha représentent plus que la superficie de la totalité des parcs et jardins publics hors bois de Boulogne et Vincennes) sont les grandes victimes de cette course non assumée à la densité. Insidieusement mais sûrement, comme dans l’ilot Navarre, ces espaces sont grignotés par les opérations immobilières. En 2018, c’est plus d’un hectare d’espace de pleine terre qui a ainsi disparu. Les Espaces verts protégés (EVP) par le PLU représentent moins de 5% de la surfaces des îlots bâtis et d’indéfendables règles d’équivalence entre surfaces de pleine terre et de dalles végétalisées conduisent à remplacer les unes par les autres (dans le PLU parisien : 1m2 de surface de pleine terre = 2m2 de jardinière placée sur un toit et comportant une couche de terre de 10 cm d’épaisseur). Le projet « Mille arbres » illustre jusqu’à l’absurde cette propension à bâtir sur le plein sol et à cantonner les arbres aux toits parisiens.

Trop souvent, les opérateurs publics : RATP rue Belliard, SNCF à la gare du Nord, AP-HP dans l’île de la Cité et Ville de Paris à l’Ecole supérieure de physique-chimie industrielle (ESPCI) ou à l’école Erlanger ne sont pas beaucoup plus vertueux que les promoteurs privés et pratiquent également la « valorisation foncière » à un degré élevé.