Cent jours après le premier tour surréaliste des élections municipales, les Parisiens seront appelés à retourner aux urnes pour élire un maire et son équipe. Dans ce contexte de crise sanitaire, et bientôt économique, l’élu devra présider aux destinées de Paris vers ce « monde d’après » que tout le monde appelle de ses voeux.
Quel visage, quelle empreinte allons-nous transmettre aux jeunes générations de ce Paris millénaire qui, avec inquiétude, se demande s’il sera vert printemps et respirable ou vert de gris et invivable ? Face aux nouvelles crises sanitaires de la mondialisation, à celle de la biodiversité et aux enjeux de la crise climatique dont sécheresse et canicule sont sous nos latitudes les signes alarmants avant-coureurs, les associations affirment qu’il est temps de rompre avec les politiques urbaines de ces dernières années à Paris.
Densification à outrance
Au nom d’une supposée lutte contre l’étalement urbain – alors que notre capitale rivalise avec les villes les plus denses du monde et reste au top 50 des capitales européennes pauvres en espaces verts – une intempestive accumulation de projets urbains toujours plus denses, plus massifs, plus hauts les uns que les autres, souvent en concurrence avec le développent d’autres territoires de la métropole a marqué la fin de la dernière mandature.
Où sont les 30 nouveaux hectares d’espaces verts revendiqués par l’équipe actuelle ?
Cette tendance à surdensifier, grignoter les coeurs d’îlots déjà très compacts en coupant des arbres pour construire de nouveaux bâtiments, imperméabiliser les sols, a été sévèrement renforcée par les modifications des règlements d’urbanisme adoptés en 2016.
Où sont les 30 nouveaux hectares d’espaces verts revendiqués par l’équipe actuelle ? Surdensification, destruction du patrimoine, saturation des espaces publics et des transports en commun sont les diverses facettes d’une politique à réformer !
Préserver les jardins parisiens
Les Parisiens se sont mobilisés : luttes largement soutenues par de nombreux élus locaux, pétitions, recours contre des autorisations d’urbanisme, floraison de nouvelles associations, témoignent du mécontentement et de combats, difficilement victorieux. Crise économique aidant, de nombreux projets spéculatifs, dont plusieurs Réinventer Paris, fragiles juridiquement, décidés sans aucune concertation, dénoncés hier par nos associations, sont menacés. Que d’énergies et d’argent gaspillés !
Les sujets d’urbanisme et d’environnement ne sont pas les seules questions municipales à revoir, mais elles concernent à terme des enjeux majeurs pour l’avenir des Parisiens et la survie de notre ville, surtout dans les quartiers populaires du nord de l’est et du sud.
C’est pourquoi nous demandons dès le début du prochain mandat une sanctuarisation immédiate des si précieux espaces de nature existants publics et privés de Paris, interdisant leur artificialisation et leur constructibilité, y compris en tréfonds. Un inventaire et un état des lieux précis devront être établis avec les habitants, les associations et les experts. Notre capacité à résister au réchauffement climatique passe par ces îlots de fraîcheur, de respiration et de biodiversité à Paris !
Nous demandons aussi l’arrêt des grands projets conçus dans le monde d’hier : tour Triangle,tours de Bercy-Charenton, Bruneseau Nord et Picpus, densification du quartier Montparnasse, de la Gare du Nord, projets de constructions sur les talus du boulevard périphérique…
Le règlement d’urbanisme actuel doit être révisé de façon démocratique en associant habitants, communes voisines, métropole et forces vives de la société civile. Paris, au coeur du Grand Paris, doit s’aérer, se renaturer, se ventiler, respirer, pour affronter les défis du XXIe siècle et se transformer, tout en restant une ville habitable, accessible et populaire !
Christine Nedelec est présidente de la section parisienne de France Nature Environnement.